La Tesla Model 3 est en rupture de stock pour un an

Le modèle éléctrique le plus vendu en Europe et en France l'année dernière est déjà en rupture de stock dans l'Hexagone. Finalement, Tesla n'échappe pas aux difficultés de production que connaissent ses concurrents. La pénurie de semi-conducteurs continue à peser sur une industrie automobile confrontée à la conversion à l'électrique.

Coup de frein pour Tesla

Jusque-là, Tesla s’en sortait bien. Depuis le début de l’année, les constructeurs automobiles sont à la peine en termes de ventes et de niveau de production. Le mois dernier, les données fournies par la plateforme de la filière automobile (PFA) affichaient des résultats peu flatteurs : -19,60% de ventes pour Stellantis (par rapport à février 2021), -11,5% pour Renault, -12,60% pour Volkswagen, -19,60% pour Toyota, -21% pour Toyota…

Des chiffres en berne par rapport à une année 2021 déjà peu très compliquée pour l’industrie automobile. Dans ce marasme, seul le constructeur Tesla semble maintenir sa croissance, avec une progression de ses ventes de plus de… 200% en février.

Particulièrement prisée, c’est surtout la Model 3 du fabricant américain qui tire les immatriculations vers le haut : c’était, l’année dernière, le modèle électrique le plus vendu en Europe (et en France). Avec plus de 13 000 ventes dans l’Hexagone, elle dépasse Zoé de Renault et la Peugeot- 208.

Seulement, victime de son succès, la Model 3 n’est désormais plus disponible en France. Tesla l’a annoncé il y a quelques jours : les livraisons ne reprendront que dans un an, en février 2023, en raison d’un manque de stock. 

Dans le détail, la rupture de stock ne concerne pour l’heure que la Model 3 « classique », dont le prix va également augmenter de 1 200 euros, à 44 990 euros. Les autres versions « Grande autonomie » (à partir de 55 990 euros) et « Performance » (59 990 euros) devraient pouvoir être livrées avant la fin de l’année.

De la difficulté de la reprise post-Covid

Tesla risque donc de ne pas pouvoir convertir tout son succès en ventes cette année. Comme les autres constructeurs, le spécialiste de l’électrique est, lui aussi, toujours affecté par les conséquences économiques du Covid-19, et en particulier la pénurie de semi-conducteurs.

Ce composant électrique, très présent dans les autos Tesla (technologiquement très en avance), continue de parvenir difficilement jusqu’aux chaînes d’assemblage. Selon le cabinet AlixParteners, la pénurie auraient empêché la production de près de 8 millions de véhicules l’année dernière.

Surtout, alors que l’offre de puces se réduit, la demande, elle, explose. Les voitures électriques et hybrides en sont beaucoup plus équipées que leurs prédécesseuses, ce qui rend d’ailleurs le parc automobile français de plus en plus cher à assurer. D’après le cabinet Roland Berger, l’offre de semi-conducteurs ne devrait grimper que de 6% cette année, quand la demande augmentera dans le même temps de 17%.

Pour faire face, des ouvertures d’usines de puces (fabs) sont prévues, notamment en Allemagne, par l’américain Intel. Mais plusieurs exercices devront s’écouler avant que la progression ne soit au niveau souhaité.

Un constructeur artisanal ?

Autre problème plus structurel rencontré par Tesla : ses propres limites de production. Le constructeur californien est encore loin d’avoir les capacités d’un géant capable d’alimenter un marché mondial. Face aux grands groupes mondiaux, sa production demeure presque « artisanale » : 370 000 véhicules livrés en 2019, contre près de 11 millions pour Volkswagen ou Toyota. 

Enfin, la production de voitures Tesla dépend aussi d’un autre composé essentiel : la batterie. Pour l’heure, sur ce marché très concentré en Asie du sud-est, c’est le japonais Panasonic qui aide à la conception des batteries Tesla, qui sont produits principalement dans le Nevada. Les projets européens de développement d’usines à batterie devraient aussi être d’une aide précieuse pour accroitre le nombre « piles automobiles » à destination des constructeurs dans les années à venir.

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