En France, 5,4 millions de personnes ne disposaient pas l’année dernière de médecin traitant. Une situation qui, si elle n’a rien de nouvelle, pourrait s’aggraver dans les prochaines années. On recense aujourd’hui 6 500 généralistes de moins qu’en 2010.
Victimes de la désertification médicale. L’année dernière, 5,4 millions de patients ne disposaient pas de médecin traitant, souligne le directeur général de l'Assurance maladie, Nicolas Revel, dans un entretien accordé au magazine Le Généraliste. « Il y a toujours eu, au cours des dernières années, environ 10 % de patients sans médecin traitant », explique-t-il, mettant ainsi en exergue la stabilité des chiffres pour l’année 2019.
Si 2019 n’est pas « pire » que les années précédentes, faut-il pour autant s’en satisfaire ? Se disant « très attentif » à la situation, Nicolas Revel met l’accent sur un manque de médecins généralistes. Si parmi les Français ne disposant pas de médecin traitant certains n’ont pas effectué de démarches pour en trouver, plus de la moitié sont, eux, en recherche. « Si nous ne faisons rien, cette tendance va s'accroître inéluctablement dans les prochaines années », prévient le directeur général de l'Assurance maladie. Selon Le Parisien, les médecins généralistes exerçant en France sont 6 500 de moins depuis 2010.
Ces chiffres font écho à une étude menée par l’UFC-Que-Choisir en novembre dernier. Selon elle, 44 % des généralistes refusent de devenir le médecin traitant de nouveaux patients. La majorité d’entre eux (71 %) justifient ce refus par le fait qu'ils ont « déjà trop de patients ». Par ailleurs, 14 % indiquent ne pas pouvoir puisqu'ils partent prochainement à la retraite.
Un phénomène plus ou moins perceptible selon les territoires et la taille des villes. Le taux de refus s'élève ainsi à 52 % dans les villes de 10 000 à 100 000 habitants, 33 % dans les communes de moins de 3 000 habitants et 34 % dans les villes de plus de 100 000 personnes. « Les refus sont moins nombreux quand l'offre de généralistes est nettement insuffisante (39% de refus en moyenne) que dans les territoires où la densité est dans la moyenne (46 %) », indique l’enquête.
Des disparités également visibles selon les départements. « Si moins de 20 % des généralistes refusaient de nouveaux patients dans le Bas-Rhin, la Meurthe-et-Moselle et les Pyrénées-Atlantiques, le taux de refus grimpe à 70 % dans l'Allier, 78 % en Charente et même 86 % en Seine-et-Marne », souligne l’UFC-Que-Choisir.
Pour Nicolas Revel, il n’est toutefois pas question de toucher au dispositif de médecin traitant. Au contraire, le directeur général de l’Assurance maladie entend le « conforter » pour « améliorer la prévention » et « le suivi des pathologies chroniques ». Pourtant, ces 5,4 millions de Français sont soumis à une « double peine ». Outre le fait de ne pas bénéficier de suivi, ces patients ne peuvent pas respecter le parcours de soins et voient donc leurs consultations prises en charge à 30 % au lieu de 70 % de la base de remboursement. Dans le cas d’une consultation d'un généraliste sans dépassement d'honoraires, soit 25 euros, ces patients sont remboursés 7,50 euros au lieu de 17,50 euros. Un reste à charge de 10 euros qui peut dissuader de consulter un médecin.
Une situation sur laquelle Nicolas Revel veut agir. Chaque caisse « a la capacité d'identifier les patients dans cette situation afin qu'ils ne souffrent pas de cette double peine », a indiqué une porte-parole de l'Assurance Maladie à BFM Eco. Les patients qui n’ont pas de médecin traitant pourraient donc bientôt bénéficier d’une prise en charge identique à ceux qui en ont un.
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