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Stationnement à Paris : la colère des conducteurs. Entretien avec Didier Renoux.

07 oct. 2022 Jordan Hervieux 162 vues

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Un mois après la mise en place du stationnement payant pour les deux-roues motorisés (2RM) à Paris, les avis sont mitigés. Parmi les principaux opposants à cette mesure, les membres de la Fédération Française des Motards en Colère. Nous avons rencontré Didier Renoux, délégué général de la FFMC pour comprendre les raisons de leur mécontentement.

Pensez-vous que le prix du stationnement pour les deux-roues thermiques soit normal ?

La première réponse est qu’un prix n’est pas normal quel qu’il soit, car le deux-roues motorisé ne fait pas partie du problème, mais de la solution. Au problème dans la mesure où comme vous le savez sans doute, le véhicule deux roues par son utilisation, fluidifie la circulation et permet donc de réduire les nuisances sonores. À partir de là, quel que soit le tarif, il est injustifié.

Le prix du stationnement est-il un facteur d’exclusion sociale ?

À partir du moment où vous allez payer 3 euros de l’heure et que vous gagnez 8 euros de l’heure quand vous êtes au SMIC, il est compliqué de comprendre comment cela peut fonctionner. Je ne comprends pas comment ces gens qui habitent loin de Paris, et qui de ce fait ont le plus besoin d’une alternative aux transports en commun qui ne desservent pas forcément l’endroit où ils habitent, comment cette logique peut fonctionner. Socialement, on est sur une mesure complètement injuste, d’où la position de la FFMC qui peut paraître assez rigide, mais qu’on assume. Nous n’avons pas à payer le stationnement à partir du moment où le 2RM participe au désencombrement des villes et à celui de l’espace public au même titre qu’un vélo sur des déplacements de proximité.

Quand on utilise un deux-roues motorisé, on se passe des besoins d’aménagements supplémentaires de transport en commun et nous ne sommes pas victimes de "l’auto-solisme" ou bien souvent les gens qui n’ont pas souvent la possibilité de prendre les transports en commun ont recours à leur voiture en étant seuls dedans. Être seul sur un 2RM ou sur un vélo, c'est normal, mais l’être dans une voiture, ça l'est moins.

Nous n’avons pas à payer le stationnement à partir du moment où le 2RM participe au désencombrement des villes et à celui de l’espace public au même titre qu’un vélo sur des déplacements de proximité.

Avez-vous eu des échanges avec la mairie de Paris ?

Bien sûr ! C’est au cours d'échanges avec eux que nous avons entendu de la part de Mr Belliard, adjoint à la mairie de Paris, ces arguments hallucinants. Quand on traite du problème de l’occupation de l’espace public, on ne traite pas du volume sonore, ça n'a rien à voir. Mélanger les problèmes de cette façon, c'est justifier une discrimination qui n’a pas lieu d'être. 

Lors de ces échanges, avez-vous cherché un compromis ou votre souhait est juste l’arrêt complet du stationnement payant ?

Pour nous, la position est très claire, nous ne cherchons aucun compromis. On trouve totalement injuste qu’on ait à faire payer le stationnement des 2RM. Quand on a des exagérations qui sont faites comme on a pu l’entendre en disant que la mesure du stationnement payant pour les deux roues est une mesure de santé publique, on est dans une forte exagération et on sort du contexte. Quand on entend dire que cette disproportion des tarifs est justifiée par les nuisances occasionnées, nous sommes dans une discrimination puisque ce sont des nuisances d'une forte minorité d'usagers

Quand un deux roues motorisé est stationné, ce n’est pas là qu'il va émettre du bruit et ce n’est pas là que les fauteurs de troubles, qui ne sont pas la majorité des usagers, seront éduqués ou sanctionnés. Le moyen pour lutter contre le bruit n’est certainement pas le stationnement payant pour les deux roues. On est sur le prétexte de cette utilisation du stationnement payant pour éradiquer les deux roues de la circulation parisienne. 

Pensez-vous que la Mairie de Paris peut rétropédaler ?

On ne pense pas, on espère ! Après, penser à la place de gens qui ont de telles positions, c'est assez difficile puisqu’on ne peut pas les partager. Je ne suis pas dans la tête de Madame Hidalgo ou de Monsieur Belliard. C'est assez difficile d'être dans la tête de Madame Hidalgo quand en tant que candidate à la présidentielle elle parlait de faire diminuer les prix des carburants de façon à faciliter la mobilité de tous et que dans la même période sa municipalité de Paris fait en sorte d’handicaper cette même mobilité par le stationnement payant. La presse a beaucoup parlé de l'existence du stationnement payant pour les 2RM mais a occulté dans le même temps la très forte augmentation sur le stationnement payant des autres véhicules, à savoir les voitures. On voudrait handicaper la mobilité des uns et des autres, on ne s’y prendrait pas autrement. La mairie de Paris a décidé des mesures handicapantes avant de mettre en place des solutions alternatives qui permettraient de pallier ce problème. 

Cette mesure devrait s'étendre à d’autres grandes villes de France…  

On est évidemment en discussion avec ces villes également. Les plans de déplacements qui sont en cours d’élaboration. Faites-nous confiance, on ne va pas laisser faire la même chose dans les autres villes que ce qui a été fait à Paris. Le dogmatisme n’est pas forcément un cas général à reproduire. 

Peut-on quand même s’attendre à ce que ça soit généralisé dans toute la France ?

Si on veut la révolution, il ne faut pas faire autrement ! C’est tout de même quelque chose qui est en train d’accentuer la différence entre les favorisés qui habitent le centre-ville parce qu’ils en ont les moyens et qui n’ont pas besoin d’un véhicule individuel, et ceux qui n’ont pas les moyens, qui sont aussi ceux qui vont leur apporter des services indispensables pour faire vivre la ville. Si on voulait creuser le fossé social, on ne s’y prendrait pas autrement. 

Si on veut la révolution, il ne faut pas faire autrement ! C’est tout de même quelque chose qui est en train d’accentuer la différence entre les favorisés qui habitent le centre-ville parce qu’ils en ont les moyens et qui n’ont pas besoin d’un véhicule individuel, et ceux qui n’ont pas les moyens.

Est-ce pour vous une manière de supprimer les 2 roues thermiques ? 

On se prend les pieds dans le tapis à tous les étages. Supposons qu’on veuille arrêter le véhicule individuel pour privilégier une meilleure vie sur la planète et arrêter l’émission de gaz à effet de serre, diminuer la pollution, il faut arrêter de produire autant qu’on le fait aujourd’hui. Quand on dit qu’on doit détruire le véhicule thermique pour le remplacer par un autre quel qu'il soit, qu'il s'agisse d’un électrique ou d'un thermique plus vertueux, on est bien dans une accélération d’un cycle de production qui est contraire à la visée finale qui voudrait qu'on arrête de nuire. On a beau nous dire que l'électrique en circulant en ville n'émet pas de pollution, mais son bilan à l'échelle de la planète n’est pas très bon non plus. Il semble qu’on ait oublié la notion de durabilité dans ces raisonnements et le bilan global de cette opération au profit de choses qui sont très dogmatiques et encore une fois discriminantes et stigmatisantes.

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