L'assurtech Luko est rachetée par l'assureur britannique Admiral

Endettée, l'assurtech Luko va être rachetée par l'assureur britannique Admiral, qui détient déjà en France L'olivier Assurance. Il s'agit d'un premier gros revers pour l'écosystème assurtech français, qui essuie un retournement de conjoncture en termes d'investissement.

Luko placée en procédure de sauvegarde

La parenthèse enchantée a pris fin. Après une année 2022 de développement tous azimuts, l’assurtech Luko, créée en 2018, s'est placée en procédure de sauvegarde le 13 juin pour restructurer sa dette et éviter le redressement judiciaire. 

Une issue difficile à anticiper, quand il y a tout juste un an, la néo-assurance annoncait le rachat d’Unkle, autre startup spécialiste de l’assurance loyer impayé. Avec ce rapprochement, Luko avait alors l’ambition de couvrir l’ensemble des assurances liées au logement, y compris l’assurance emprunteur, sur laquelle elle s’était lancée un an plus tôt.

Au rang des autres projets, on comptait aussi une association avec Décathlon, pour proposer directement en magasin son assurance trottinette électrique, l’obtention du premier achat groupé en assurance habitation (avec 10 000 particuliers pré-inscrits) et le rachat de l’assurtech allemande Coya, qui disposait d’un passeport d’assureur européen. Avec ce précieux sésame, Luko aurait pu exercer en tant qu’assureur en France, sans le précieux agrément de l’ACPR, et étendre son activité sur le continent.

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Une dette de 45 millions d'euros contractée pour les deux rachats

Finalement, le rachat de ces deux entreprises à seulement six mois d’intervalle s’est avéré trop ambitieux financièrement. Pour conclure l’opération, Luko s’est endettée à hauteur de 45 millions d’euros. Pour rembourser ses créances, le néo-assureur comptait sur une nouvelle levée de fonds fin 2022, qui n’a pas aboutie. Luko n’a donc pas pu honorer une échéance de 12 millions d’euros auprès des actionnaires d’Unkle, nous apprend l’Usine digitale.

C’est pour cette raison que la procédure de sauvegarde a été déclenchée. Elle permet à une entreprise qui justifie de difficultés financières de faciliter sa réorganisation. Le but est de permettre la poursuite de l'activité économique, le maintien de l'emploi et le règlement des dettes. Pour notre assurtech française, cela s’est finalement soldée par un passage sous pavillon britannique.

C’est le groupe britannique Admiral qui s’est porté acquéreur des activités françaises de Luko, qui de son côté devrait conserver sa marque, son identité et sa technologie. En France, le groupe Admiral détient déjà la marque L’olivier Assurance, très bien identifiée en assurance auto, et qui s’est lancée depuis peu sur l’assurance habitation. L’acquisition de Luko, devrait permettre à l’assureur britannique de renforcer sa position sur l’assurance logement en France. Elle revanche, elle ne rachètera ni Unkle ni Coya. 

Une panne d'investissements ?

Avec ses 50 millions d’euros levés fin 2020 et ses 450 000 assurés au dernier décompte, Luko faisait partie des locomotives de l’écosystème assurtech tricolore. Agée de deux ans au déclenchement de la crise sanitaire, la néo-assurance a su répondre aux besoins des particuliers de souscrire des contrats plus simples, plus lisibles et 100 % en ligne. De nombreuses assurtech ont été portées par cette euphorie, qui s’est traduit par des levées de fonds importantes en 2021.

Depuis, comme nous le confiait récemment Alexandre Jeanney, Responsable de l'accompagnement et de l'accélération des startups chez French Assurtech, on observe "un retour à la réalité" en termes d’investissements. En espérant que cela ne se traduise par davantage de casse.