Le 11 novembre 2021, les projections financières du projet Grande Sécu ont fuité et ont été révélées par Les Échos. Portées par le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM), ces projections estiment à 22,4 milliards d'euros le coût du projet. Cela n'a pas manqué de faire réagir la FFA qui, inquiète, remet en question la neutralité du HCAAM.
Cet été, le ministre de la Santé Olivier Véran avait donné au HCAAM la responsabilité de ce projet Grande Sécu. L'organisme devait donc travailler sur l'avenir des complémentaires santé et leur rôle. Quatre scénarios avaient notamment été évoqués.
Le HCAAM devait donc rendre son rapport provisoire sur le coût du projet Grande Sécu le 18 novembre. Il a cependant pu être consulté en avance par Les Échos. Ainsi, les représentants des organismes de complémentaires santé ont pu avoir accès à ce rapport. Le projet amènerait les complémentaires santé à perdre 70 % de leur chiffre d'affaires et coûterait aux contribuables la somme de 22,4 milliards d'euros. Bien loin des estimations de la Fédération française de l'assurance (FFA), qui table sur 39 milliards d'euros dans sa réponse à la consultation du HCAAM.
La FFA n'a donc pas tardé à réagir. D'après sa présidente Florence Lustman, elle se dit « stupéfaite de constater que les éléments de chiffrage des 4 scénarios du HCAAM, et particulièrement celui de la Grande Sécu, qui ne seront discutés que lors des séances du 18 et du 25 novembre, ont été rendus publics par voie de presse alors même que ces éléments n’ont pas été partagés avec les membres du HCAAM préalablement ».
Cette fuite a également poussé la FFA à remettre en question la gouvernance et la neutralité du HCAAM. « Si les chiffrages sont réalisés par la DSS et la DREES sans être soumis au débat des membres du HCAAM, on peut légitimement s'interroger sur le rôle joué par le ministère de la Santé pour orienter les travaux dans le sens qu'il souhaite », allègue Florence Lustman. D'après les assureurs, cette fuite n'est pas anodine et pourrait avoir pour but de « court-circuiter tout débat de fond ». Elle « pose la question sur la façon dont les décisions sont prises et surtout par qui ».
Sur LinkedIn, Eric Chenut, président de la Mutualité Française, s'est également positionné : « « Les informations partielles transmises à la presse taisent pudiquement certaines conséquences majeures du scénario d'étatisation de la protection sociale. Il y est fait mention de la réduction de 70 % de l'activité des complémentaires. La Sécurité Sociale va-t-elle reprendre les personnels des complémentaires ? Quid alors de ses coûts de gestion ? Ou cette formulation pudique induit-elle un large plan social inéluctable et imposé par les pouvoirs publics ? En quoi le remboursement à 100% par l'Assurance maladie obligatoire garantirait un accès effectif aux soins ? Quid des déserts médicaux, des dépassements d'honoraires, de la raréfaction du temps médical et soignant, de la prise en charge de la perte d'autonomie ? Qu'adviendra-t-il de la liberté des assurés sociaux et des professionnels de santé ? La démocratie sociale sera-t-elle encore respectée ? Comment le manque de financement actuel de la branche assurance maladie aboutissant à un déficit structurel sera-t-il comblé dans un périmètre élargi ? »
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