Le marché du deux-roues traverse une zone de turbulences en 2025. Alors que les ventes de scooters et motos électriques s'effondrent, le secteur peine à se réinventer. Entre baisse du pouvoir d'achat, fin des aides publiques et offre peu attractive, les consommateurs hésitent. Seule éclaircie : l'occasion, qui reprend des couleurs face à un neuf en difficulté.
Les deux-roues électriques boudés malgré l'urgence écologique
Le marché du deux-roues électrique peine à trouver son public. Selon les données d'AAA Data, les immatriculations ont chuté de 8,4 % au premier semestre 2025, avec seulement 17 889 unités écoulées. Les scooters sont les plus touchés, accusant un recul de 11 %, contre -4 % pour les motos. "Tout s'effondre depuis trois ans", résume Marie-Laure Nivot, responsable de l'intelligence marché automobile chez AAA Data. En cause, la suppression brutale du bonus écologique de 900 euros, décidée par décret il y a un an. Une décision mal digérée par la filière.
"Avec un écart de prix entre les modèles électriques et thermiques similaire à celui constaté sur le marché de l'auto, il y a peu d'arguments susceptibles de convaincre les consommateurs de passer à l'achat", analyse Maëlle Faure, cheffe des produits auto/moto chez Solly Azar.
Le cas de Honda illustre ce déséquilibre : sa première moto électrique attendue en 2026 sera commercialisée à 18 000 euros, contre 12 000 euros pour un modèle thermique équivalent. À cela s'ajoute l'absence d'un calendrier de fin de commercialisation pour les deux-roues thermiques, contrairement au marché automobile. Résultat : les constructeurs freinent leurs investissements dans l'électrique, et les consommateurs se tournent vers d'autres mobilités urbaines, comme les trottinettes ou vélos électriques.
Le marché du neuf décroche, l'occasion reprend des couleurs
L'ensemble du marché des deux-roues connaît une phase délicate. Selon l'Observatoire Solly Azar AAA Data, les ventes totales ont reculé de 7 % sur les neuf premiers mois de l'année 2025 par rapport à 2024. Le marché du neuf est particulièrement touché, avec une baisse de 15 %, passant de 214 554 à 181 929 transactions.
"Selon notre analyse, nous ne sommes pas sur un simple report d'achats. Il y a un véritable attentisme du consommateur alors que le pouvoir d'achat est en difficulté", souligne Maëlle Faure. Les motards se tournent davantage vers l'occasion, une option plus abordable dans un contexte économique tendu.
Ce basculement s'observe dans les chiffres : la part de marché de l'occasion est passée de 75 % à 77 %, avec une hausse de 8 % au troisième trimestre. Une dynamique qui compense en partie la baisse du neuf et qui montre une adaptation rapide des comportements d'achat.
Gros cube en forme, petites cylindrées à la peine
Tous les segments du marché ne sont pas touchés de la même manière. Les 125cc, souvent choisies par les nouveaux conducteurs, sont les plus pénalisées, avec un recul de 12 %. En revanche, les grosses cylindrées résistent mieux. Ce segment, prisé par des motards plus expérimentés et moins sensibles aux aléas économiques, maintient un niveau de ventes stable.
Le début d'année a également été perturbé par l'entrée en vigueur de la norme Euro5+. Environ 6 000 immatriculations ont été anticipées fin 2024, les concessionnaires souhaitant écouler leurs stocks avant la nouvelle réglementation.
Si l'offre électrique reste encore marginale, "les fabricants de deux-roues doivent s'affairer au développement de produits technologiques. Et ensuite s'employer à rassurer les motards en conciliant ce qu'ils ont l'habitude de retrouver avec le thermique, et ce qu'ils attendent de l'électrique", rappellent d'une même voix Marie-Laure Nivot et Maëlle Faure.
Les défis sont nombreux, mais les premiers signes d'un redressement apparaissent. Le marché a enregistré une croissance globale de 3 % au troisième trimestre 2025. Une tendance qui pourrait annoncer une sortie progressive de l'attentisme.
La rédaction d'Assurland