Les pouvoirs publics sont parvenus depuis à dix ans à limiter le fléau du surendettement. Mais la dette moyenne des ménages, poussée par les crédits immobiliers, ne fait, elle, qu'augmenter.
Les ménages français sont de moins en moins surendettés mais de plus en plus endettés. Comment expliquer ce constat contradictoire ? Pour parler d’abord de l’endettement, il a explosé depuis 20 ans. Au début des années 2000, il ne représentait que la moitié du revenu disponible des ménages. Il y a quelques mois, en septembre 2020, le taux d’endettement a atteint 100%.
Ce rapport ne doit toutefois pas être confondu avec le calcul de votre capacité d’emprunt, qui est mesurée lorsque vous souhaitez souscrire un crédit par l’établissement prêteur, afin de s’assurer que vous serez en mesure de rembourser. Selon cette opération, les charges de vos dettes ne peuvent généralement dépasser 30% de vos revenus disponibles.
Le taux d’endettement moyen des ménages évoqué ici est calculé différemment : on compare l’encours total des crédits accordés aux ménages aux revenus totaux des ménages. Quand il atteint 100%, cela signifie que le montant des crédits accordés est équivalent aux montants des revenus cumulés des ménages.
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Les revenus des ménages n’ont pas augmenté depuis vingt ans. Ce qui fait grimper le taux d’endettement, c'est la hausse de l’encours des crédits aux particuliers, qui est passé de 400 milliards d’euros à 1 360 milliards d’euros : les ménages ne gagnent pas plus, mais le total des sommes empruntées a triplé.
Ce sont surtout ici les prêts immobiliers qui sont en cause. Ils ne représentaient que 68% des crédits totaux au début du siècle, contre plus de 80% aujourd’hui. Sur cette même période, la dette immobilière des ménages a été multipliée par quatre.
Mais cette augmentation de l’endettement donne de moins en moins lieu à des situations de surendettement. Sur cette même période, le nombre de dossiers déposés pour cette raison a diminué de 30 000 (pour un total de 100 000 en 2020). Leur nombre est également stable en ce début d’année : 21 000 dossiers déposés, soit un peu moins qu’en 2020 (23 000).
En matière de surendettement, on peut aisément diviser les deux décennies en deux : jusqu’en 2010 leur nombre avait fortement augmenté, avant de diminuer continuellement jusqu’à aujourd’hui. Cette bascule est venue d’une politique des pouvoirs publics, qui ont fortement réguler les crédits à la consommation, largement responsables des situations de surendettement : en 2010 ils représentaient 40% des dettes concernées, contre moins 10% actuellement.
Ce qui inquiète, en revanche, pour les mois qui viennent, c’est que le ralentissement économique qui accompagne la crise sanitaire diminue la capacité de remboursement des ménages, en particulier si le chômage explose. Avec un niveau de dettes élevé et une épargne rarement vue, il risque de rester aux ménages peu de moyens pour consommer et faire repartir l’économie.