Selon l'ACPR, les primes d'assurance habitation pourraient tripler en raison du réchauffement climatique d'ici à 2050, rendant l'assurance inaccessible pour de nombreux Français. Ces prévisions inquiétantes devraient causer une augmentation significative du nombre de résiliations d'assurance.
Des primes d'assurance potentiellement triplées
Selon l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le réchauffement climatique à l'horizon 2050 entraînera une forte augmentation des primes d'assurance habitation. Sécheresse, submersions marines et inondations répétées pourraient rendre l'assurance logement prohibitive pour une partie de la population française. Les récents tests de résistance de l'ACPR, visant à évaluer la capacité des assureurs à faire face à ces conditions climatiques extrêmes, montrent des résultats préoccupants.
Les projections indiquent une augmentation moyenne des primes de 158 %. Dans les zones les plus exposées, comme la Bretagne et les côtes méditerranéennes, les prix pourraient même tripler. Cette hausse des coûts pourrait obliger de nombreux ménages à résilier leurs contrats d'assurance. De ce fait, certains assureurs pourraient se retirer de ces régions. Les Côtes-d'Armor sont particulièrement vulnérables, avec un taux de résiliation potentiel de 7,15 %, suivies par l'Ille-et-Vilaine, les Bouches-du-Rhône et l'Hérault.
“La question de l'assurabilité se pose, car la disparité géographique des risques est grande entre les régions, explique Nathalie Aufauvre au Figaro, la secrétaire générale de l'ACPR. Il faudra travailler sur la mutualisation des risques”. Une mutualisation des risques qui conduirait à un partage des surprimes entre les Français, sur tout le territoire français.
Quelle sinistralité à prévoir pour 2025 ?
Jean-Paul Faugère, vice-président de l'ACPR, explique aux Échos que "le risque d'inassurabilité est symétrique : il est à la fois du côté des assureurs et des assurés”. Le stress test climatique mis en avant par l'ACPR révèle que la sinistralité totale pourrait augmenter de 105 % par rapport à 2022, une année déjà marquée par des coûts record de 10 milliards d'euros pour le secteur. L'aggravation des événements climatiques extrêmes pourrait rendre les primes d'assurance insoutenables et augmenter le nombre de résiliations de contrats.
Départements avec le plus grand nombre de résiliations de contrats d'assurance en 2050 :
- entre 1 000 à 5 000 résiliations : Aisne, Alpes-Maritimes, Calvados, Charente-Maritime, Essonne, Finistère, Gironde, Haute-Garonne, Haut-Rhin, Loire-Atlantique, Loiret, Manche, Morbihan, Moselle, Nord, Pas-de-Calais, Seine-Maritime, Somme, Var, Vendée ;
- entre 5 000 et 10 000 résiliations : Bas-Rhin, Gard ;
- entre 10 000 et 15 000 résiliations : l'Hérault ;
- plus de 15 000 résiliations : Bouche du Rhône, Côte d'Armor, Ille-et-Vilaine.
La responsabilité des assureurs mise en avant
Actuellement, l'assurance habitation est obligatoire pour les locataires. En cas de difficulté à trouver une assurance, les assurés peuvent se tourner vers le Bureau central de tarification (BCT), qui peut imposer la souscription d'un contrat à une compagnie d'assurance, même si cette solution reste néanmoins rare. Selon Jean-Paul Faugère, "les assureurs sont conscients qu'ils ont un rôle social et que ne plus assurer dans des zones parce qu'elles sont exposées ne serait pas de bonne politique".
Les législateurs s'intéressent également à cette problématique. Pour prévenir les refus d'assurance dans les zones les plus vulnérables, les sénateurs ont proposé une présomption de refus pour motif d'expositions aux catastrophes naturelles, comme le souligne la proposition de loi de la commission des Finances du Sénat. Cette mesure vise à garantir le droit à l'assurance, en transférant la charge de la preuve de refus à l'assureur, une démarche souvent complexe pour les particuliers.
La rédaction d'Assurland