L'Assemblée nationale a récemment voté un amendement au projet de loi de finances pour 2025, et qui pourrait marquer un tournant sur le marché immobilier français. Portée par le groupe socialiste, cette mesure propose de soumettre à l'impôt les plus-values générées lors de la vente de certaines résidences principales, à des conditions spécifiques. Si l'objectif affiché est de lutter contre la spéculation immobilière, ce texte soulève également des questions quant à ses répercussions sur les propriétaires et sur le marché de l'immobilier résidentiel.
Encadrer la spéculation : un impératif face à la crise du logement
Le texte adopté le 23 octobre entend freiner les pratiques spéculatives dans l'immobilier résidentiel, particulièrement dans les régions où la pression sur le logement est élevée. Concrètement, cette proposition vise les reventes de résidences principales réalisées en deçà d'une période de cinq ans de détention, une condition qui, si elle est validée, permettrait de maintenir l'exonération fiscale pour les ventes à plus long terme.
En défendant cette mesure, le député socialiste Peio Dufau, fervent partisan de la lutte contre les "culbutes spéculatives", estime qu'elle répond à l'urgence de rétablir une justice sociale dans l'accès au logement. Les régions à forte attractivité touristique, comme le Pays basque, sont particulièrement ciblées : ces dernières années, les prix y ont flambé, alimentés en partie par des achats à court terme visant à profiter d'une plus-value rapide. Pour les partisans de cette réforme, la limitation de l'exonération fiscale à une durée de cinq ans offrirait un levier pour contenir l'escalade des prix, renforçant ainsi la fonction résidentielle des biens immobiliers et limitant l'incitation à la revente rapide.
Des exceptions pour encadrer les situations légitimes
Si le projet de loi entend réguler les reventes spéculatives, les députés ont également tenu à introduire des exceptions pour protéger les propriétaires en situation de vente non spéculative. En cas de mutation professionnelle, de décès, de séparation, ou encore d'hospitalisation prolongée, la contrainte de la durée minimale de cinq ans pourrait être levée. Ces exceptions visent à distinguer les reventes dictées par des contraintes de vie de celles motivées par des intentions spéculatives.
Ce qui permettrait ainsi aux ménages de conserver une certaine souplesse dans leur parcours d'achat immobilier. Ces nuances, largement soutenues par les élus socialistes, témoignent d'une volonté de maintenir l'équité de la mesure, en préservant les droits des propriétaires qui n'ont pas l'intention de tirer profit du marché immobilier à court terme. Toutefois, le texte soulève des interrogations quant à son application pratique et aux risques d'effets indésirables sur un marché déjà sous pression.
Un projet incertain, mais une perspective de changement
Pour ses partisans, cette mesure marque un pas en avant dans la lutte contre la spéculation immobilière, alors que l'accès au logement devient de plus en plus complexe dans de nombreuses zones. Plusieurs acteurs du secteur s'inquiètent des effets possibles d'une telle taxe sur la dynamique des ventes et la confiance des ménages dans l'investissement immobilier. Certains observateurs avancent que cette taxe pourrait décourager les transactions et restreindre davantage le marché, déjà en ralentissement.
L'amendement, bien que voté, n'est pas encore définitivement inscrit dans la loi. Le gouvernement pourrait recourir à l'article 49.3 pour l'adoption du texte final du budget, laissant planer une incertitude quant à son maintien. En dépit des réserves exprimées, les auteurs de cette proposition espèrent voir dans cette réforme une avancée vers un marché immobilier plus juste, tout en sachant que sa mise en œuvre devra être minutieusement surveillée pour éviter les dérives.

La rédaction d'Assurland