Selon une étude d’Axa Prévention, quatre femmes sur cinq négligent leur santé au détriment de celle de leurs proches. Une situation dangereuse pour elles sur le long terme que les professionnels de santé signalent.
Une enquête d’Elabe réalisée pour l’association Axa Prévention du 23 mars au 12 avril 2021, auprès de 1 324 femmes et 1 181 hommes, montre que les femmes prennent moins soin de leur santé que les hommes. Révélée par Le Parisien, cette étude tire la sonnette d’alarme en signalant la négligence de la santé des femmes, de part leur rôle dans la société ou au sein de leur famille.
Pour autant, elles ne désertent pas vraiment les cabinets médicaux, au contraire. Les femmes y sont très présentes : elles sont 81 % à prendre en charge la santé de leurs proches avant la leur. Dans les familles, la place attitrée de “l’infirmière” est encore plus flagrante : 57 % des femmes ont la responsabilité du suivi et du bilan régulier de la santé des enfants contre 3 % des hommes.
À cause de cela, 77 % des Françaises repoussent le moment de consulter et procèdent d’abord à l’automédication ; elles sont 85 % à d’abord essayer de se soigner seules avant d’envisager aller voir un médecin ou un spécialiste. Ce n’est finalement que quand elles n’ont plus le choix qu’elles s’y rendent (70 %).
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La précarité semble aggraver ce phénomène. Du côté des familles monoparentales, 85 % des femmes mettent leur santé de côté. C’est notamment le cas d’Anne-Lise, une maman célibataire de 45 ans qui témoigne dans Le Parisien. Son quotidien avec ses deux jeunes enfants ne lui laisse pas le temps de prendre soin d’elle : “L’an dernier, j’ai eu des problèmes gynécologiques et il a fallu que je pose une journée pour me soigner”. À cause de son emploi du temps serré, elle n’arrive pas à s’organiser pour aller faire sa rééducation chez le kiné, malgré les remontrances de son médecin. Comme nombre de femmes seules, elle attend que ses enfants grandissent pour avoir plus de temps à consacrer à ses soucis de santé.
D’après l’universitaire Muriel Salle, le phénomène est bien ancré dans la société : "Depuis trente ans, rien ne bouge vraiment. C'est encore aux femmes que reviennent la majorité des tâches ménagères, le suivi des enfants, de leur scolarité, or une journée n'a que 24 heures". Il apparaît ainsi que, “sur occupées”, les femmes n’ont pas le temps de se soigner ce qui peut avoir des conséquences désastreuses, à terme. Margot Bayart, médecin généraliste, déplore cette situation : “Quand je leur (aux femmes, ndlr) demande à quand remonte le dernier frottis, elles répondent parfois : 6, 7, 8 ans. Il m’arrive de leur proposer d’en faire dans mon cabinet et de détecter des débuts de cancer…”.