Amélie Gentilini, chargée du suivi des projets et des partenariats du Pari Solidaire, nous parle du projet principal de l’association, la cohabitation intergénérationnelle.
Le Pari Solidaire a été créé en 2004 suite à la canicule de 2003 qui a mis en lumière l'isolement des personnes âgées et, face à cela, on voyait aussi beaucoup de jeunes, surtout des étudiants, qui avaient du mal à se loger en Île-de-France. La fondatrice s'est dit “pourquoi ne pas mettre en lien ces deux générations pour cohabiter ensemble ?”. De plus, nous savons qu’il y a beaucoup de personnes âgées vivant dans des logements où elles ont au moins une chambre disponible parce que les enfants sont partis. Ainsi, depuis 17 ans, nous avons mis en relations et installé 3 500 binômes en Île-de-France.
Une cohabitation intergénérationnelle, c'est une personne qui a 60 ans ou plus qui a une chambre disponible chez elle, voire plusieurs chambres, et qui héberge un jeune entre 18 et 30 ans, un étudiant, un jeune travailleur ou un jeune en recherche d'emploi. Elle l’héberge soit en échange d'une indemnité financière modeste, comme un petit loyer, soit elle l’héberge gratuitement, mais en échange de temps de présence, notamment les soirs et les nuits.
Avoir un jeune à la maison ralentit le vieillissement d’une certaine manière, cela aide ces personnes à se remotiver à faire des choses.
Il y a plusieurs objectifs à la cohabitation intergénérationnelle. En premier lieu, cela aide à lutter contre l'isolement des personnes âgées en leur permettant aussi de rester plus longtemps à leur domicile ; la plupart souhaitent vieillir chez elles et ne pas partir en institution. Avoir un jeune à la maison ralentit le vieillissement d’une certaine manière, cela aide ces personnes à se remotiver à faire des choses. Et puis, cette cohabitation entre générations aide aussi les jeunes à se loger en Île-de-France, là où la concurrence est rude et les loyers très élevés. Nous proposons des chambres chez l’habitant à 350 euros maximum par mois, ce qui est intéressant vu les prix de la région. Ainsi, des deux côtés, retissez les liens entre les générations peut avoir de vrais bénéfices.
Même si nous avons une moyenne d’âge de 80 ans parmi nos participants, il est possible de faire une cohabitation à partir de 60 ans. Il faut ensuite que la chambre proposée pour accueillir un jeune soit meublée et qu’elle respecte les critères de décence, donc plus de 9 m². Il faut également que la personne âgée soit apte à recevoir quelqu'un, c'est-à-dire qu’elle ne doit pas avoir des pathologies trop lourdes qui pourraient impacter le quotidien du jeune. Par exemple, quelqu'un qui a Alzheimer peut très bien accueillir un jeune, mais ça dépend du degré de la maladie. Si elle en est à un stade où elle ne va pas reconnaître le jeune et elle risque de le laisser dehors ou de le réveiller toutes les nuits, ça ne sera évidemment pas possible.
Il est à noter qu’il est envisageable de faire de la cohabitation, que les personnes âgées soient propriétaires, locataires dans le parc privé ou locataires dans le parc social. Il n’y aucune restriction à ce sujet.
Du côté des jeunes, les conditions sont d’avoir entre 18 et 30 ans, qu’ils soient en situation régulière, et ensuite, il y a des critères de sélection autour de la motivation, que nous testons en amont lors du dépôt de candidature et d’un entretien.
Pour nous, il est plus difficile de toucher les personnes âgées isolées parce que généralement, elles n’ont pas accès à l'information, alors on essaye de communiquer auprès de ce public via les grands enfants ou autres.
Et puis, il y a aussi des personnes qui ont des freins à faire de la cohabitation. Certaines ont peur de perdre en indépendance. Les personnes âgées qui sont totalement autonomes disent qu’elles n’ont pas besoin d’avoir un jeune, alors qu’il n’y a pas forcément une notion de “besoin”, c’est plus une présence rassurante. En fait, il y a la peur d’être vu comme “régressant” en prenant quelqu’un chez soi. Il y a aussi parfois des préjugés sur les jeunes qui peuvent devenir un frein. Mais souvent, nous mettons en avant le fait qu’en hébergeant quelqu’un, elles lui rendent un grand service.
Pour nous, il est plus difficile de toucher les personnes âgées isolées parce que généralement elles n’ont pas accès à l'information, alors on essaye de communiquer auprès de ce public via les grands enfants ou autres.
Au premier confinement, comme pour tout le monde, c'était l’inconnu. Nous avons stoppé les mises en relation entre jeunes et personnes âgées. Les cohabitations existantes sont restées telles quelles, même si deux-trois binômes se sont séparés par peur de contamination. Cela a évidemment eu un impact au quotidien car vivre tout le temps ensemble, 24h sur 24 n’a pas été facile pour tout le monde.
Après cette période, nous nous sommes dits que nous allions sûrement avoir moins de demandes de personnes âgées pour accueillir quelqu’un et, en fait pas du tout, c’était même le contraire. Nombre de personnes âgées, mais aussi de jeunes, se sont retrouvés encore plus isolés et ont souhaité passer le cap de la cohabitation intergénérationnelle.
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