En dépit de l’interdiction de louer des passoires thermiques qui sera appliquée en janvier 2023, près d’un tiers des bailleurs comptent continuer à louer leur bien immobilier sans opérer de modifications.
À partir du 1er janvier 2023, les biens immobiliers classés G au diagnostic de performance énergétique (DPE) seront interdits à la location. Pour les biens classés F et E, l’interdiction entrera en vigueur respectivement en 2028 et 2034.
Après une étude de la FNAIM réalisée sur 500 gestionnaires locatifs, 31 % des bailleurs prévoient de relouer leur bien sans y faire de travaux de rénovation énergétique, et comptent ainsi ne pas appliquer la nouvelle loi. 6 % du panel préfère proposer leur bien locatif en location de courte durée, car cette dernière n’est pas concernée par la loi. Enfin, 5 % se disent désireux de récupérer leur gestion.
“La neutralité carbone c’est permettre l’achat de logements classés G, mais pas leur location? Un locataire ne peut pas y habiter, mais un propriétaire oui” indique Jean-Marc Torrollion, président de la Fédération nationale de l’Immobilier.
Ils sont donc 42 % des sondés à souhaiter continuer de louer leur bien sans effectuer de travaux de rénovation.
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Selon la FNAIM, ce taux aussi élevé est dû au manque d’accompagnement des propriétaires dans la réalisation de leurs travaux de rénovation. Pour 93 % d’entre eux, le principal obstacle à l’accomplissement de cette réhabilitation est le coût de la rénovation.
Le diagnostic de performance énergétique qui doit être affiché sur les annonces immobilières depuis le 1er janvier 2022, coûte à lui seul entre 100 et 300 euros en fonction des régions et des professionnels du diagnostic. Certaines agences immobilières offrent le DPE si les propriétaires proposent leur bien à la location via leur organisme.
Parmi les 54 % restants, seuls 32 % des sondés envisagent d’effectuer des travaux de rénovation afin de pouvoir louer leur bien sans contourner la loi. Les derniers 26 % des propriétaires sondés comptent, eux, vendre leur bien.
“C’était une intuition, nous l’avons désormais quantifiée : près de 500.000 logements très énergivores actuellement loués seraient ainsi susceptibles de quitter le marché locatif d’ici à six ans. Le marché locatif privé est un pilier majeur du logement en France et de la mobilité des Français, pour les jeunes et les actifs: 1,2 million de logements changent de locataires chaque année” souligne Jean-Marc Torrollion.
Afin d’éviter une sortie importante de biens du parc locatif, la FNAIM étudie plusieurs solutions. La première serait de supprimer l’interdiction à la location d’un bien en cas de travaux prévus pour la réalisation d’économies d’énergie. Cette solution permettrait aux propriétaires souhaitant rénover leur bien d’échelonner les frais sur 10 ans.
Autre solution à l’étude, la mise en avant du DPE individuel au détriment du DPE collectif. “Un appartement en rez-de-chaussée qui aura subi les mêmes travaux qu’un appartement en milieu de copropriété n’aura pas le même DPE de par sa position dans l’immeuble. Il ne pourra pas sortir de l’indécence. Son propriétaire n’aura pas intérêt à voter des travaux collectifs puisque le DPE individuel sera toujours une sanction pour lui” indique Jean-Marc Torrollion.
“On n’est pas contre la rénovation. On tire la sonnette d’alarme pour les locataires aussi. Une baisse de 15 % du nombre de locations ayant déjà été constatée cette année” poursuit-il.