Aujourd'hui, le cannabis est toujours interdit par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Un contrôle positif dans le cadre d'une compétition sportive équivaut donc à une élimination. Mais l'AMA a annoncé qu'elle pourrait réviser son jugement quant à cette substance psychoactive. Sera-t-elle exclue de la liste des substances interdites ?
Pour un sportif impliqué dans la compétition, mieux vaut ne pas consommer de cannabis. Sans aborder le sujet des effets de la substance, un contrôle positif lors d'un test équivaut à une élimination pure et simple. C'est ce qui est d'ailleurs arrivé à Sha'Carri Richardson, sprinteuse américaine qui a été écartée des Jeux olympiques de Tokyo suite à une suspension de 30 jours après un dépistage positif au cannabis.
À l'heure actuelle, un sportif contrôlé positif au cannabis risque jusqu'à deux ans de suspension. « Mais depuis quelques années, cette durée peut être ramenée à trois mois quand la substance a été consommée dans un but récréatif, dans une période hors des compétitions et sans relation avec la performance. La sanction peut même être diminuée à un mois, comme pour Sha'Carri Richardson, si l'athlète montre qu'il ou elle suit un traitement contre l'addiction », détaille Jérémy Roubin, secrétaire général de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).
En termes de dose, un contrôle est positif lorsque le taux détecté est de 160 nanogrammes/ml, « ce qui exclut toute forme de consommation passive », précise Jérémy Roubin. Ainsi, un contrôle sera positif seulement si la consommation du sportif est régulière, importante ou récente.
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Pour l'instant, il n'y a pas vraiment de consensus autour de ce sujet. « Certains estiment qu'une consommation régulière, par des personnes qui ont dépassé l'effet endormant, accentue l'agressivité et agit donc comme un produit dopant dans les sports de combat. D'autres défendent le fait que le cannabis agirait comme un anti-stress », explique le secrétaire général de l'AFLD.
D'autre part, certains spécialistes comme le docteur William Lowenstein, président de SOS Addictions, le cannabis peut difficilement être considéré comme un produit dopant. En effet, il n'a pas d'effet positif en termes de concentration et de réflexes, et « n'a pas d'apport sur la réactivité ni sur la masse musculaire ». Ce dernier précise aussi que le cannabis a plus d'inconvénients que d'avantages d'un point de vue cardiaque. « Ce qui sera gagné sur l'atténuation de la douleur sera perdu dans la concentration et les réflexes. Je ne vois pas dans quel sport la perte de réactivité pourrait être une bonne chose », allègue-t-il.
Ainsi, « après avoir reçu les demandes d'un certain nombre de parties prenantes, le [comité exécutif] a approuvé la décision du Groupe consultatif d'experts de la liste d'initier en 2022 un examen scientifique du statut du cannabis », a annoncé l'AMA dans un communiqué. Mais concrètement, le cannabis restera dans la liste des substances interdites en 2022 et une mise à jour n'est pas attendre avant 2023. Enfin, il faut bien distinguer ce débat de celui de la légalisation du cannabis en France. Le retrait de la substance de la liste des interdits n'influence en rien la discussion sur son cadre légal.