Depuis 2015, le CBD s'est largement imposé sur le marché français sous forme de bonbons, huiles, tisanes ou e-liquides. Bien qu'apprécié pour ses effets relaxants ou supposés bénéfiques sur la santé, ce dérivé du cannabis est aujourd'hui sous surveillance. Dans un communiqué du 11 mars, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alerte sur des interactions potentiellement graves avec certains médicaments, interactions capables de réduire leur efficacité ou d'augmenter leurs effets indésirables.

Le CBD interfère directement avec de nombreux médicaments

L'Agence nationale de sécurité du médicament rappelle clairement que "le CBD n'est pas un médicament". Pourtant, sa consommation, même en vente libre, est loin d'être anodine, surtout lorsqu'elle se combine à un traitement médicamenteux.

Entre 2017 et 2023, les centres antipoison ont recensé 58 cas d'interactions du CBD avec différents médicaments. Plus préoccupant encore, entre 2021 et 2022, quatre cas graves ont été signalés par les centres régionaux de pharmacovigilance. Un chiffre jugé "sans doute fortement sous-évalué" par l'ANSM.

Ces interactions entraînent principalement deux risques : soit une diminution de l'efficacité du médicament, soit une augmentation inquiétante des effets secondaires.

Les interactions identifiées par l'ANSM concernent 17 familles de médicaments couramment prescrits, notamment :

  • analgésiques : tramadol, morphine, diflunisal ;
  • anticoagulants : warfarine, coumarines, dabigatran ;
  • antidiabétiques oraux : répaglinide ;
  • antibiotiques : rifampicine, rifabutine ;
  • antifongiques : griséofulvine ;
  • antidépresseurs : citalopram, escitalopram ;
  • antiépileptiques : carbamazépine, oxcarbazépine, topiramate ;
  • antipsychotiques : clozapine, lithium ;
  • hypnotiques et benzodiazépines : zolpidem, lorazépam ;
  • traitements de substitution des opiacés : méthadone.

Cette liste reste toutefois non exhaustive. L'agence précise que d'autres interactions non encore identifiées pourraient survenir à l'avenir.

Quels symptômes doivent vous alerter ?

En cas d'effets secondaires tels que "nausées, diarrhées, vertiges, somnolence, fatigue, maux de tête, idées et comportements suicidaires ou crises d'épilepsie", l'ANSM recommande de stopper immédiatement la consommation de CBD et de consulter rapidement un médecin.

Ces symptômes peuvent apparaître indépendamment de la forme du produit consommé (bonbons, tisanes, huiles...) ou de la fréquence d'utilisation, même après plusieurs semaines ou mois d'usage régulier.

L'agence ajoute que ces effets sont imprévisibles et peuvent aussi concerner d'autres médicaments "pas encore identifiés".

Une vigilance accrue, même pour les produits en vente libre

L'ANSM appelle à une prudence particulière face à l'engouement croissant pour les produits à base de CBD. L'agence insiste sur l'importance, pour les personnes suivant déjà un traitement, d'informer systématiquement leur médecin avant d'intégrer le CBD à leur quotidien.

"Si votre traitement semble agir différemment – plus ou moins fort par exemple – depuis que vous consommez du CBD, contactez votre médecin ou demandez conseil à votre pharmacien", avertit l'agence dans son communiqué.

En France, 16 % des individus ont déjà consommé du CBD à usage récréatif, et ce chiffre risque d'augmenter à mesure que le CBD se démocratise. Or, les cas recensés, notamment les 4 cas graves documentés entre 2021 et 2022, ne représentent probablement qu'une fraction de la réalité.

L'ANSM conclut ainsi sur une nécessité impérieuse de vigilance et de prévention, car le CBD pourrait interagir avec d'autres médicaments encore inconnus à ce jour. La prévention et l'information auprès du public deviennent donc primordiales, car comme le rappelle clairement l'agence : "consommer ces produits à base de dérivés du cannabis pendant un traitement n'est jamais anodin".



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