La plateforme française Doctolib, déjà incontournable dans la prise de rendez-vous médicaux en ligne, franchit une nouvelle étape. L'entreprise va bientôt déployer un assistant médical basé sur l'intelligence artificielle (IA) destiné aux patients. Une initiative "française, souveraine et rigoureuse scientifiquement", selon son PDG et cofondateur Stanislas Niox-Chateau, invité ce mardi sur France Inter. Avec cet outil, Doctolib veut aider les Français à mieux prendre soin de leur santé tout en luttant contre la désinformation médicale.
Une IA au service des patients, pas des algorithmes
"On va mettre l'IA dans les mains des patients", affirme Stanislas Niox-Chateau. Concrètement, cet assistant répondra aux questions des internautes à partir de connaissances médicales françaises validées, élaborées avec des soignants et des chercheurs français. L'objectif : fournir un contenu fiable et personnalisé, sans jamais empiéter sur le rôle du médecin.
Le PDG l'assure : ces nouveaux outils ne proposeront ni diagnostic ni prescription, mais s'inscriront dans le parcours de soins défini par les autorités de santé. Doctolib garantit également que le service respectera les normes de sécurité françaises et européennes pour la gestion des données personnelles.
Dans un premier temps, l'outil sera déployé pour les parents, en partenariat avec la Société française de pédiatrie et le Collège national des sages-femmes. Il sera ensuite étendu à l'ensemble du public, permettant à chacun de suivre sa santé plus facilement et de partager ses données en toute sécurité.
Un rempart face aux fake news médicales
Avec ce projet, Doctolib veut reprendre la main sur la fiabilité de l'information médicale. "Les fake news sont partout. C'est un fléau mondial. Aujourd'hui, on se soigne sur Instagram, sur TikTok", déplore Stanislas Niox-Chateau.
L'entreprise entend ainsi contrer la prolifération des conseils santé non vérifiés qui circulent sur les réseaux sociaux. L'assistant proposera des contenus sur mesure, adaptés au profil de chaque patient, sur des thématiques comme la prévention, la vaccination ou le dépistage.
Ce n'est pas la première fois que la licorne française mise sur l'intelligence artificielle. Dans les cabinets médicaux, Doctolib a déjà déployé des agents virtuels capables d'aider les soignants à documenter, facturer et télétransmettre à l'Assurance maladie. Ces logiciels ont permis, selon le PDG, d'assister plus de 5 millions de consultations depuis leur lancement. "Ils aident les praticiens à se libérer des tâches administratives, financières et cliniques", souligne-t-il.
Une vision éthique de la santé numérique
Au-delà de l'innovation, Doctolib revendique une approche éthique et souveraine de la technologie médicale. "On se dit qu'avoir une initiative française, rigoureuse scientifiquement, ce n'est pas une mauvaise idée", insiste son dirigeant.
Cette déclaration intervient alors que la plateforme avait suscité des tensions fin 2024 avec la Direction du numérique en santé (DNS). L'Assurance maladie lui reprochait d'avoir développé une fonctionnalité proche du service public “Mon espace santé”, au risque de "privatiser le carnet de santé numérique".
Aujourd'hui, Doctolib se veut partenaire plutôt que concurrent. Selon les chiffres communiqués au Figaro, 3,4 millions de documents ont été déposés par les utilisateurs sur Mon espace santé en septembre, soit un tiers des envois issus de la médecine de ville.
En parallèle, la société, valorisée à 6,4 milliards d'euros, continue de se positionner comme un acteur clé de la santé numérique française, conciliant innovation, sécurité et souveraineté des données
La rédaction d'Assurland