Le secteur des stages de récupération de points pour le permis de conduire connait des pratiques frauduleuses. La DGCCRF a récemment bloqué plusieurs sites internet peu scrupuleux, notamment Permislib.fr. Mais ces arnaques numériques persistent, illustrant les limites du contrôle dans un secteur où la demande explose.

Les escroqueries en ligne ciblées par la DGCCRF

La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) s'est attaquée à Permislib.fr, un site qui commercialisait des stages fictifs. Selon le ministère de l'Économie, de nombreux consommateurs ont signalé des pratiques abusives : reports et annulations injustifiés, absence d'inscription effective après paiement, et non-remboursements. Une utilisation frauduleuse de symboles officiels, comme la Marianne, a également été constatée.

Ces méthodes, bien rodées, ne sont pas nouvelles. "Les centres de sensibilisation à la sécurité routière frauduleux, c'est maintenant courant", déplore Philippe Destarkeet, secrétaire général du Snica-FO. Il pointe un manque de contrôles, malgré les 1 300 vérifications annoncées par le ministère de l'Intérieur depuis 2022.

Un problème structurel dans la récupération de points

La complexité du système de récupération de points explique en partie ces dérives. Seuls 300 centres sont officiellement agréés en France. Pour accéder à ces formations, les automobilistes passent par des plateformes en ligne. Certaines, sérieuses, respectent les normes, mais d'autres exploitent cette dépendance pour proposer des offres attractives, souvent fictives, et tirer les prix vers le bas.

Selon Joël Polteau, président du Syndicat national des professionnels du permis à points (SNPAP), ces plateformes se livrent une véritable guerre des prix, créant un terrain propice aux pratiques douteuses. "De faux stages y sont inventés pour attirer toujours plus de clients", dénonce-t-il.

La délégation excessive des tâches administratives – inscription, paiement, gestion des calendriers – à ces plateformes complique les contrôles et dilue les responsabilités. Les vrais centres peinent à se démarquer face à ces concurrents frauduleux.

Des initiatives encore insuffisantes

Depuis 2012, le ministère de l'Intérieur a tenté de réguler ce secteur avec des résultats mitigés. Une circulaire en 2016 visait à contrôler l'ensemble des centres, mais les fraudeurs se sont adaptés plus rapidement que les pouvoirs publics. En juin 2024, un nouvel arrêté a renforcé les sanctions contre les plateformes frauduleuses, mais les professionnels du secteur jugent ces mesures encore insuffisantes.

Christophe Nauwelaers, secrétaire général du Syndicat autonome national des experts de l'éducation routière, souligne une autre difficulté : "La priorité est donnée à la production de places d'examen au permis de conduire. Du coup, les contrôles sur les stages sont délaissés."

Face à ces dérives, les automobilistes restent les premières victimes. En quête de solutions rapides pour récupérer leurs points, ils tombent facilement dans le piège de sites attractifs mais frauduleux. Les pouvoirs publics et les acteurs sérieux du secteur appellent à une meilleure régulation et à un renforcement des contrôles pour protéger les consommateurs.



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