Les services d’urgence manquent de personnel et de moyens, et cela se ressent particulièrement depuis le début de l’été. Pour éviter la surcharge, le nouveau ministre de la Santé, Français Braun a annoncé mi-juillet la mise en place d’un « filtrage » à l’entrée des urgences. Mais comment fonctionne-t-il ? Et est-il vraiment utile ?
Depuis la fin du mois de mai, les services d’urgences éprouvent de grandes difficultés à venir en aide aux nombreux patients qu’ils reçoivent. Selon le syndicat SAMU-Urgences de France, 120 services, sur les 629 que comptent le territoire, sont particulièrement touchés par des pénuries de moyens et de personnels, au point de devoir fermer la nuit ou les week-ends.
Actuellement, une quarantaine d’établissements de santé appliquent le filtrage à l’entrée des urgences, afin de juguler les arrivées. Le premier filtre se fait par téléphone : les patients sont invités à appeler le 15 avant de se déplacer aux urgences, comme l’explique la campagne nationale lancée le 25 juillet : « Avant d’aller aux urgences, si mon médecin traitant n’est pas disponible, j’appelle le 15 ».
Au téléphone, le but est d’éviter que les malades se déplacent dans des services fermés au public, et de les orienter vers la meilleure solution. In fine, l’objectif est de réserver l’accès aux urgences aux cas les plus graves. Mais peut-on vraiment les détecter par téléphone ? Le feu vert du 15 donne au patient un « ticket d’entrée » à l’hôpital. À l’entrée, un second filtrage peut être en place pour les personnes n’ayant pas composé le 15 : le personnel paramédical assure alors la mission du numéro d’urgence.
Ce nouveau dispositif, destiné à s’étendre tout au long de l’été, pose deux problèmes. D’abord, s’il réduit les passages aux urgences d’environ un quart, il augmente le nombre d’appels passés au 15 d’environ 50%. Or, ce service connait déjà des problèmes fréquents de surcharge.
Le deuxième est celui de la redirection. En effet, les patients se présentant aux urgences le font souvent faute de mieux. Selon une enquête de la direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (DREES) de 2014, 60% à 70% des patients interrogés aux urgences expliquaient n’avoir pas eu d’autre choix en raison de l’absence d’un médecin de garde ou de leur médecin traitant.
Une proportion qui met en lumière le problème récurrent de la désertification médicale. Selon un rapport sénatorial remis le 29 mars 2022 :
Dans les zones géographiques concernées, les urgences représentent donc une solution de dernier recours, avec la possibilité d’avoir accès à toutes les spécialités médicales en un même endroit, ce que la médecine de ville ne parvient plus toujours à proposer.
Reste à savoir combien de temps ce système de filtrage durera, ou s’il est emmené à devenir pérenne. En fin d’année dernière, le gouvernement s’était déjà attaqué aux passages jugés « inutiles » aux urgences, en lançant le forfait patient urgence.
Depuis le 1er janvier, un passage aux urgences sans hospitalisation est désormais facturé 19,61 euros, autre dispositif. Pour l’heure, il semblerait que ce dispositif n’ait pas permis d’éviter l’encombrement de cet été.
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