L'édition 2024 du Baromètre de Santé publique France dresse un portrait clair et parfois préoccupant de la santé des adultes, entre progrès mesurables, vulnérabilités croissantes et inégalités sociales omniprésentes. Menée auprès de 35 000 personnes âgées de 18 à 79 ans, l'enquête met en lumière des tendances fortes : recul du tabagisme, consommation d'alcool encore excessive, sommeil fragilisé, santé mentale sous pression et adhésion vaccinale en baisse. Autant de signaux qui interrogent la capacité collective à réduire les écarts de santé.

Des comportements de santé contrastés selon les milieux sociaux

Le baromètre révèle un paradoxe persistant : si 68 % des Français déclarent être en "bonne" ou "très bonne" santé, ce taux atteint 82,5 % chez les plus aisés contre seulement 50,4 % parmi ceux en difficulté financière.

"On observe l'existence d'inégalités socio-économiques de façon systématique pour l'ensemble des critères de santé étudiés", rappelle Stéphanie Vandentorren, épidémiologiste à SPF.

Le tabagisme illustre clairement cette fracture. La prévalence continue de baisser, tombant à 24 % de fumeurs chez les 18-79 ans, mais les écarts restent nets : les ouvriers comptent 2,1 fois plus de fumeurs quotidiens que les cadres. La proportion grimpe à 30 % chez les personnes en difficulté financière, contre 10 % chez celles à l'aise financièrement. Une tendance que Caroline Semaille, directrice générale de SPF, replace dans une dynamique plus longue : la lutte contre le tabac "a permis de réduire de 4 millions le nombre de fumeurs en dix ans".

À l'inverse, l'alcool est davantage consommé par les catégories les plus diplômées et les plus aisées. Un adulte diplômé sur quatre dépasse les repères de consommation, contre 19,3 % chez les non-diplômés. Le niveau social influe donc différemment selon les comportements à risque.

La sédentarité progresse également : plus d'un adulte sur quatre passe plus de sept heures par jour assis, un phénomène accentué chez les jeunes actifs et les catégories favorisées.

Sommeil et santé mentale : des signaux d'alerte forts

La durée moyenne de sommeil plafonne à sept heures et trente-deux minutes par jour, soit une heure et demie de moins qu'il y a cinquante ans. Un tiers des adultes souffre d'insomnie, avec une prévalence plus élevée chez les femmes et les personnes précaires. "Plus la situation financière déclarée est difficile, plus le sommeil semble se dégrader", note le baromètre.

Ces difficultés s'ajoutent à une santé mentale déjà fragilisée. En 2024, 16 % des adultes ont vécu un épisode dépressif caractérisé et un adulte sur 20 a eu des pensées suicidaires, selon Jean-Baptiste Richard, responsable des enquêtes chez SPF. Les femmes, les jeunes et les personnes en situation instable figurent parmi les plus exposés. SPF souligne ainsi qu'"une femme en contrat précaire sur dix déclare une tentative de suicide au cours de sa vie".

Les hommes touchés par la dépression restent, eux, moins pris en charge : 53,9 % ne reçoivent aucun traitement, contre 37,9 % des femmes. Une différence qui interroge l'accessibilité des soins psychologiques.

Vaccination, climat et nouveaux facteurs de vulnérabilité

L'adhésion vaccinale poursuit sa baisse : 80 % des adultes se déclarent favorables à la vaccination, contre 90 % dans les années 2000. Cette tendance s'observe dans toutes les classes sociales, même si les plus aisés demeurent plus favorables aux vaccins. La défiance est particulièrement marquée vis-à-vis du vaccin contre le Covid-19, rejeté par un quart des personnes interrogées.

Le changement climatique s'impose également comme un enjeu sanitaire majeur. Pour Yann Le Strat, directeur scientifique de SPF, ses conséquences sont "désormais des enjeux de santé publique à part entière". Quatre Français sur cinq déclarent avoir vécu un épisode climatique extrême au cours des deux dernières années. Plus de 40 % affirment avoir souffert physiquement de ces événements, notamment lors des canicules répétées.



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