Adopté de justesse à l'Assemblée nationale, le budget de la Sécurité sociale pour 2026 amorce un virage important dans la gestion de la santé publique. Derrière ce texte, des mesures qui impacteront les assurés dès l'an prochain : réduction de la durée des arrêts maladie, taxation exceptionnelle des complémentaires santé, revalorisation de l'Ondam, nouvelles obligations en matière de prévention... Ces changements, censés freiner le déficit public, auront aussi un impact direct sur les remboursements et les contrats des complémentaires santé.

Un budget voté à l'arraché pour contenir le déficit de la "Sécu"

Après plus de 120 heures de débats, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a été adopté le 9 décembre par 247 voix contre 234. Un vote rendu possible grâce à l'abstention du groupe écologiste, qui a justifié son choix par un "vote de raison". Le texte sera prochainement soumis au Sénat, mais l'Assemblée nationale gardera le dernier mot.

Le déficit prévu pour 2026 atteint 19,6 milliards d'euros, selon la ministre de la Santé, Stéphanie Rist. Sans budget, il aurait pu grimper à 30 milliards. Pour y faire face, le gouvernement a prévu plusieurs mesures d'ajustement budgétaire, dont :

  • une taxation exceptionnelle des complémentaires santé, à hauteur d'un milliard d'euros ;
  • une hausse de la CSG sur les revenus du capital, visant "les plus aisés", selon la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, qui a affirmé : “Aucun petit épargnant ne sera concerné” ;
  • un relèvement de l'Ondam de 3 %, jugé encore insuffisant par les professionnels de santé pour faire face à la hausse structurelle des dépenses.

L'État prévoit aussi de renforcer les économies dans la fonction publique avec des mesures controversées, comme le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Réforme des arrêts maladie : des restrictions plus strictes

La gestion des arrêts maladie évolue. À partir de janvier 2026, la durée maximale pour une première prescription sera limitée à un mois, renouvelable deux mois maximum. Cette mesure vise à éviter les abus, tout en renforçant le suivi des arrêts de longue durée.

Dans le secteur public, le Sénat a validé l'allongement du délai de carence à trois jours, comme dans le privé. Les agents ne seront donc indemnisés qu'à partir du quatrième jour d'arrêt, une mesure qui pourrait générer 216 millions d'euros d'économies. Le sénateur Pierre-Jean Rochette l'a justifiée ainsi : "Que l'on soit dans le public ou dans le privé, on doit avoir le même traitement".

Le ministre délégué à la Fonction publique, David Amiel, a nuancé : "Près de 70 % des salariés du privé sont couverts pour ces jours de carence". Il estime que cette réforme introduit une inégalité au lieu de la corriger.

Prévention, santé mentale, IVG : de nouvelles priorités

Le PLFSS 2026 introduit plusieurs dispositifs inédits en matière de prévention et d'accès aux soins. Parmi les mesures phares :

  • vaccination obligatoire contre la grippe en Ehpad, sauf contre-indication, "sous réserve d'une recommandation" de la Haute Autorité de santé (HAS). Cette obligation s'appliquera aussi à certains professionnels de santé libéraux, avec un décret précisant les métiers concernés ;
  • lancement d'un "pass premiers secours en santé mentale", destiné aux jeunes de 16 à 20 ans. Gratuit, il permettra une formation pour repérer et orienter une personne en détresse psychologique. Ce dispositif s'inspire du pass culture ;
  • accès facilité à l'IVG avec l'obligation pour chaque département de disposer d'au moins un centre ou structure agréée pour réaliser des interruptions volontaires de grossesse ;
  • plan national contre l'alcoolisation fœtale : avec 15 000 enfants touchés chaque année, l'objectif est d'accentuer la prévention auprès des femmes enceintes. Selon l'association SAF France, 27 % des Françaises déclarent encore consommer de l'alcool pendant la grossesse.

Certaines mesures controversées ont été abandonnées, comme le doublement des franchises médicales. De même, la prise en charge des cures thermales par la Sécurité sociale reste inchangée.



Assurland vous aide à mieux comprendre
l'assurance santé