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Féminicides : vers une levée du secret médical

25 nov. 2019 Elodie Carpentier 247 vues

Les annonces étaient très attendues par les associations, les médecins et l’opinion publique. Edouard Philippe a dévoilé le plan d’action du gouvernement pour endiguer les violences faites aux femmes. En ce mois de novembre, 137 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints ou ex-compagnons depuis début 2019.

Allégement du secret médical en cas d’urgence absolue

Elles s’appellent Josette, Denise, Marilyne ou encore Bernadette…Leur point commun ? Elles sont mortes en 2019 sous les coups de leur mari ou ex-conjoint. En ce mois de novembre, 137 féminicides ont été dénombrés depuis le début de l’année.

Face à ce chiffre insupportable et sous la pression des associations et de l’opinion publique, le gouvernement vient d’annoncer une série de mesures pour venir en aide aux femmes battues. Ces mesures qui visent à provoquer « un électrochoc » sont dévoilées au lendemain de la clôture du Grenelle contre les violences conjugales.

Dans son allocution, Edouard Philippe s’est félicité de ce Grenelle qui a permis de « briser la chaîne du silence et de libérer la parole des victimes et de leurs proches, des associations, des institutions, des experts, des policiers, des magistrats ». Pour protéger les victimes, l’exécutif compte lever le secret médical. Le chef du gouvernement a annoncé que les professionnels de santé pourront signaler plus facilement des patientes « en cas d’urgence absolue  il existe un risque sérieux de renouvellement de violence ».

Pour Nicole Belloubet, ministre de la justice, « il est nécessaire de dépasser le secret médical. Cela fait appel à l’éthique du médecin ». Au sein de la communauté médicale, le sujet divise. Certains praticiens craignent une rupture de la confiance avec les patientes alors que d’autres estiment qu’il s’agit de « la non-assistance à personne en danger ». C’est le cas de Jacques Saboyes, chirurgien plasticien et esthétique qui avait déclaré sur LCI : « Je devrais avoir la liberté d’appeler un magistrat et de signaler une femme que j’estime en danger, comme on a le droit de le faire pour les enfants ».

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Ouverture de plus de 1 000 places d’hébergement

En plus de cet allégement du secret médical pour les femmes battues, le Premier ministre a annoncé la déchéance systématique de l’autorité parentale des pères violents dès la première plainte.

Edouard Philippe souhaite aussi la suppression de l’obligation alimentaire qui oblige les enfants à prendre en charge leurs parents.

L’éducation nationale sera mise à contribution dans cette lutte contre les violences conjugales. Les enseignants devront obligatoirement suivre une formation sur l’égalité entre les filles et les garçons. Des maîtres et maitresses qui auront désormais à disposition « un formulaire » qui permettra de signaler un enfant qui serait témoin de violences à la maison.

Pour les femmes qui osent quitter le foyer conjugal, le gouvernement annonce l’ouverture de plus de 1000 places d’hébergement en 2020 ainsi que l’extension de garantie Visale. Une mesure qui existe depuis 2016 et a pour mission de garantir aux bailleurs le paiement des loyers et des charges impayés.

Au total, ce sont 360 millions d’euros par an qui seront consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes.

La désillusion de Caroline de Haas  

Une enveloppe qui est loin de satisfaire les associations qui travaillent quotidiennement avec les femmes battues : « Le Premier ministre annonce qu’il reconduit quasiment à l’identique pour 2020 le budget alloué aux violences en 2019. Ils ne changement pas les politiques publiques. Les chiffres des violences ne baisseront pas. Je suis dégoutée » peut-on lire sur le profil Twitter de Caroline de Haas, militante féministe de « Nous Toutes ».