Depuis 2022, près de 600 000 personnes ont bénéficié de consultations remboursées avec un psychologue grâce au programme "Mon Soutien Psy", selon les chiffres publiés ce mardi 1er avril par l'Assurance Maladie. Destiné aux patients souffrant d'anxiété ou de troubles dépressifs légers, ce dispositif peine cependant à se faire connaître du grand public et rencontre des réticences au sein de la profession.

Une montée en puissance grâce à une revalorisation des tarifs

Lancé en 2022, "Mon Soutien Psy" avait initialement du mal à attirer des psychologues conventionnés, en raison d'un tarif jugé trop bas. La consultation, alors fixée à 30 euros, n'incitait pas les professionnels à rejoindre le dispositif. En juin 2024, une revalorisation à 50 euros a été mise en place, sans possibilité de dépassement d'honoraires. Ce changement a permis de doubler le nombre de praticiens participants, qui sont désormais 5 500. "Nous sommes assez confiants sur le fait d'avoir une offre qui va augmenter", a déclaré Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l'Assurance maladie.

Par ailleurs, la réforme de 2024 a élargi les conditions d'accès : les patients, adultes comme enfants, peuvent désormais bénéficier de ces consultations sans passer par un médecin traitant. La limite du nombre de séances prises en charge a également été portée de huit à douze. Les séances sont facturées 50 euros par le psychologue, dont 30 euros sont prises en charge par l'Assurance maladie, le solde est quant à lui prit en charge par la complémentaire santé si l'assuré social en a une.

Un dispositif encore méconnu

Depuis son lancement, "Mon Soutien Psy" a permis de financer des soins pour un montant total de 118 millions d'euros, dont 74,8 millions pris en charge par l'Assurance maladie. Cependant, l'ampleur du recours reste limitée par rapport aux besoins en santé mentale en France : 16 % de la population souffrirait de troubles dépressifs et 23 % d'anxiété, soit plusieurs millions de personnes potentiellement concernées. 

Selon un sondage BVA pour l'Assurance maladie, seuls 23 % des Français en ont entendu parler. Face à ce constat, une campagne de communication a été lancée, à la télévision et sur les réseaux sociaux, afin d'améliorer la visibilité du dispositif. Pour Marguerite Cazeneuve, l'objectif est de "développer le dispositif pour que tout patient souffrant d'une anxiété légère ou d'un trouble dépressif léger puisse y avoir accès".

En parallèle, l'Assurance maladie cherche à recruter davantage de psychologues. Actuellement, entre 16 000 et 18 000 praticiens rempliraient les critères d'éligibilité pour intégrer le programme, sur un total de 75 000 psychologues en France, selon l'Insee. Pourtant, une majorité d'entre eux restent réticents à s'engager.

L'opposition des psychologues

Depuis son lancement, Mon Soutien Psy fait face à une contestation croissante des professionnels du secteur. Le collectif  "Manifeste Psy", qui regroupe plus de 7 000 psychologues, dénonce un dispositif qu'il considère comme inefficace et contraire aux principes de la profession. Selon eux, seuls 5 % des psychologues éligibles ont accepté de s'y inscrire.

Le collectif critique notamment l'absence de dépassement d'honoraires et estime que ce programme revient à une "externalisation de l'offre de soins publique vers le privé", sans réelle garantie de qualité. Il plaide pour un réinvestissement des fonds dans les Centres médico-psychologiques (CMP), qui proposent déjà un suivi gratuit depuis plusieurs décennies.



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