Les progrès dans la lutte contre le cancer prennent un tournant avec l'essor des vaccins thérapeutiques, qui visent à traiter les tumeurs existantes en stimulant le système immunitaire. Lors du dernier congrès de la Société européenne d'oncologie médicale (ESMO) à Barcelone, plusieurs avancées ont été présentées, notamment des essais prometteurs sur des cancers du poumon, du mélanome et d'autres tumeurs solides. Ces vaccins, souvent basés sur la technologie de l'ARN messager, suscitent l'espoir de transformer la prise en charge des cancers à un stade avancé.
Parmi les essais les plus marquants, celui mené par Moderna avec son vaccin à ARN messager (mRNA-4359) a montré des résultats encourageants. Le Dr Debashis Sarker du King's College de Londres, responsable de l'essai, précise que ce vaccin "est bien toléré, sans effets secondaires graves, et peut stimuler le système immunitaire pour traiter le cancer plus efficacement". Cependant, il tempère l'enthousiasme en ajoutant que cette étude "n'a impliqué qu'un petit nombre de patients, il est encore trop tôt pour mesurer l'efficacité de ce traitement sur des cancers à un stade avancé".
Parallèlement, le vaccin Tedopi, développé par la biotech française OSE Immunotherapeutics, représente un autre espoir. Ce vaccin est destiné aux patients atteints de cancers du poumon non à petites cellules, mais il est également en cours d'évaluation pour des cancers du pancréas et de l'ovaire. Ces vaccins visent à prolonger la survie des patients tout en améliorant leur qualité de vie par une meilleure tolérance des traitements.
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L'innovation majeure dans les vaccins thérapeutiques réside dans l'utilisation de l'ARN messager (ARNm), une technologie déjà éprouvée pour les vaccins contre la Covid-19. Ce procédé permet de "former le système immunitaire" à reconnaître et à attaquer les cellules cancéreuses. Olivier Lantz, immunologiste à l'Institut Curie, explique que "l'objectif est d'obtenir une réponse immunitaire cellulaire capable de détruire les cellules tumorales tout en préservant les tissus sains". Cette approche plus ciblée pourrait réduire les effets secondaires souvent observés avec les traitements traditionnels comme la chimiothérapie.
Des entreprises comme BioNTech, pionnières dans l'utilisation de l'ARNm, testent actuellement des vaccins contre des cancers difficiles à traiter comme celui du poumon. D'autres entreprises, comme la société française Transgene, travaillent sur des vaccins personnalisés, qui sont conçus en fonction des mutations spécifiques de chaque tumeur. Bien que ces vaccins soient plus coûteux et complexes à produire, ils ouvrent la voie à une médecine oncologique plus précise et adaptée à chaque patient.
Les progrès dans la recherche sur les vaccins thérapeutiques ont été accélérés par la pandémie de Covid-19, qui a démontré l'efficacité et la rapidité de la technologie de l'ARNm. "Le Covid-19 a mis le vent dans le dos des chercheurs", confie Cyrille Cohen, de l'Université Bar-Ilan en Israël. Grâce à cet élan, plus de 286 vaccins sont actuellement en phase d'essai clinique dans le monde, dont un tiers ciblent spécifiquement le cancer.
L'un des secteurs qui connaît des avancées significatives est le traitement du cancer du sein, notamment pour le sous-type "triple négatif", particulièrement agressif et résistant aux traitements classiques. Une étude a montré qu'en associant immunothérapie, chimiothérapie et chirurgie, il est possible d'améliorer la survie des patientes tout en réduisant les risques de récidive. De plus, une autre avancée importante concerne la réduction des séances de radiothérapie après un cancer du sein, passant de 25 à 15 séances, ce qui diminue les effets secondaires et améliore le confort des patientes.
Enfin, les chercheurs espèrent que d'ici quelques années, les vaccins thérapeutiques pourront transformer le cancer en une maladie chronique, mieux contrôlée. Un objectif qui semble de plus en plus atteignable grâce à ces innovations. Moderna, par exemple, prévoit de soumettre son vaccin contre le cancer de la peau à approbation dès 2025, renforçant l'idée que ces traitements révolutionnaires pourraient bientôt devenir une réalité clinique.
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