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Les ZFE entraînent l'exclusion sociale des plus modestes

25 mars 2022 Théophile Robert 415 vues

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C'est une crainte que beaucoup partageaient déjà et qui a été confirmée : les zones à faibles émissions (ZFE), entraînent une exclusion sociale. En effet, de nombreux automobilistes aux revenus modestes n'ont pas les moyens de changer de véhicule pour continuer à circuler dans ces zones.

En Île-de-France et en Rhône-Alpes, de nombreux automobilistes sont exclus par les ZFE

Les ZFE sont déjà en vigueur dans plusieurs villes de France : Paris, Grenoble, Lyon, Toulouse, Montpellier, Aix-Marseille... Et elles sont déjà un frein social pour de nombreux automobilistes. Dans les régions Île-de-France et Rhône-Alpes, plus d'un tiers des personnes touchées par l'exclusion mise en place par les ZFE déclarent ne pas avoir les revenus nécessaires pour changer de véhicule lorsqu'elles seront définitivement actées, d'après un sondage réalisé par l'Institut CSA publié ce mercredi 23 mars.

36 % d'entre eux considèrent même ne pas pouvoir consacrer un seul euro pour s'offrir un véhicule étiqueté Crit'Air 1. Ce sera le minimum obligatoire pour rouler en ville à partir de 2024 dans la Métropole du Grand Paris, a priori. Pour rappel, la vignette Crit'Air 1 est destinée aux véhicules à essence et autres répondant aux normes Euro5 et Euro6, immatriculés à compter de la date du 1er janvier 2011. Elle exclut donc les véhicules diesel et les véhicules immatriculés avant 2011. Les véhicules de collection pourront toutefois obtenir une dérogation spécifique.

Cette même règle devrait s'appliquer dans la Métropole du Grand Lyon en 2026 et devrait suivre dans neuf autres grandes villes. Elle sera également appliquée dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants d'ici à la fin de l'année 2024. Objectif pour les pouvoirs publics : renouveler environ 40 % du parc automobile (environ 40 millions de véhicules).

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Les ZFE ne sont pas en phase avec la réalité du terrain

Ce qui est certain, c'est que le dispositif ne semble pas adapté à la réalité sociale et au parc automobile français. « Il y a une dichotomie entre la mise en place de la règle et la réalité du terrain », estime Etienne Diot, le délégué général de l'association Eco Entretien, commanditaire de ce sondage. Autre élément à pointer du doigt : les professionnels de la prévention et de la réparation auto ajoutent par ailleurs que plus un véhicule est polluant, moins son propriétaire juge être en mesure d'investir dans un nouveau.

C'est au sein des régions Île-de-France et Rhône-Alpes que les ZFE seront les plus discriminatoires. 38 % des propriétaires d'une voiture Crit'Air 3 dans ces régions indiquent ne pas pouvoir débloquer de budget pour acquérir un véhicule Crit'Air 1. Ce taux monte à 42 % pour les propriétaires d'un véhicule Crit'Air 4 ou 5. De plus, seuls 27 % des personnes exclues par les ZFE déclarent pouvoir mobiliser jusqu'à 3 990 euros (le prix pour une citadine d'occasion Crit'Air 1) pour s'adapter à ces normes.

Confrontées au réel, il est certain que les ZFE seront difficiles à faire appliquer. En effet, 53 % des automobilistes concernés ne comptent pas changer de véhicule. De plus, les solutions de mobilité alternative (covoiturage, transports en commun, vélo) ne répondront pas aux besoins de tous. De fait, « 17 % des conducteurs impactés se disent prêts à braver l'interdit et à risquer une amende de 68 euros », précise Etienne Diot.

Un enjeu pour l'élection présidentielle

Ainsi, la discrimination représentée par les ZFE questionne à la veille de l'élection présidentielle. En Île-de-France, l'interdiction de cité aux véhicules Crit'Air 3 a été reportée à 2023, sans plus de précision. Le sujet ne manque pas de diviser dans les débats de cette campagne électorale. À gauche, le communiste Fabien Roussel et l'insoumis Jean-Luc Mélenchon dénoncent le dispositif. À droite, les soutiens de Valérie Pécresse avertissent quant à un possible retour des Gilets Jaunes ; Eric Zemmour et Marine le Pen se sont purement et simplement positionnés pour la suppression des ZFE.

D'un autre côté, certains agitent le drapeau d'un enjeu sanitaire : 40 000 décès par an seraient dus aux émissions de particules fines issues du trafic routier. Rappelons tout de même qu'une grande partie des particules fines proviennent des pneumatiques et de l'usage des freins ; la motorisation, qui joue pour la classification des vignettes Crit'Air, n'est pas le seul facteur. Autre difficulté : les lois européennes sur la qualité de l'air sont pénalisantes pour la France. En août dernier, la France a été punie par une amende de 10 millions d'euros pour ses résultats en la matière.