L'essor des voitures sans permis transforme peu à peu le paysage routier français, en particulier chez les adolescents. Mais derrière leur image rassurante et leur vitesse limitée se cache une réalité plus sombre. En 2024, la Sécurité routière recense 37 décès liés à ces véhicules, une hausse spectaculaire qui interroge sur leur niveau de sécurité. Pour alerter l'opinion, l'assureur MMA a organisé un crash-test inédit, révélant la violence des chocs auxquels ces voiturettes restent exposées.

Une mortalité en forte hausse chez les voitures sans permis

Rouler à 45 km/h ne protège pas forcément des drames. En 2024, 445 accidents corporels ont impliqué une voiture sans permis et 37 personnes ont perdu la vie, dont 34 conducteurs ou passagers de ces quadricycles légers. La Sécurité routière souligne "une hausse de 48 % en un an et un doublement de la mortalité en cinq ans". Rapporté au nombre d'accidents, le constat est sévère : un peu plus d'un décès survient tous les 13 accidents, un taux très supérieur à celui observé pour les voitures classiques.

Ces chiffres concernent une flotte estimée à 282 560 véhicules en circulation en France. Entre 2022 et 2024, huit victimes étaient âgées de 14 à 17 ans, un public particulièrement ciblé par ces modèles accessibles avec un simple permis AM. Autre signal d'alerte : parmi les accidents recensés en 2024, "13 % des conducteurs de voiturettes ont été contrôlés positifs à l'alcool, 11 % (...) aux stupéfiants", selon le bilan de la Sécurité routière.

Un crash-test pour montrer une vulnérabilité extrême

Pour illustrer cette dangerosité, MMA a organisé le 4 décembre un crash-test Porte de la Villette à Paris. Une Citroën Ami stationnée, avec deux mannequins à bord, a été percutée latéralement par une Peugeot 308 SW lancée à un peu plus de 50 km/h. Sous l'impact, la voiturette, trois fois moins lourde, a été projetée sur plusieurs mètres, sa portière droite pliée et ses vitres brisées. "Dans une situation réelle, on compterait au minimum un mort et un blessé grave", estime Pascal Dragotto, pilote professionnel présent lors du test.

La scène reconstituait un accident réel survenu quelques mois plus tôt : un lycéen de 16 ans transportait son petit frère de 14 ans, non attachés, sur un court trajet. À la suite d'un stop glissé, le choc avec un véhicule roulant à plus de 50 km/h s'est révélé fatal pour le plus jeune, tandis que l'aîné est devenu tétraplégique. "C'est important de montrer ces images pour sensibiliser notamment les plus jeunes, qu'une voiture sans permis ce n'est pas un jouet", insiste Guillaume Wirth, responsable de la prévention des risques routiers chez MMA.

Entre alternative au scooter et limites structurelles

Le succès des voitures sans permis s'explique en partie par leur image de solution plus sûre que le deux-roues. La Sécurité routière rappelle que, "ramené aux kilomètres parcourus, le risque d'être tué est 17 fois supérieur pour un cyclomotoriste que pour un automobiliste". Sur le papier, la voiturette protège donc davantage qu'un scooter ou un vélo. Mais cette comparaison trouve vite ses limites dès que l'on quitte le cadre urbain.

En 2024, 68 % des décès impliquant une voiture sans permis sont survenus hors agglomération, là où ces véhicules bridés à 45 km/h croisent des automobiles circulant à 80 ou 90 km/h. Leur structure ultralégère, leur carrosserie en plastique et l'absence fréquente d'équipements de sécurité comme les airbags aggravent les conséquences des chocs. À cela s'ajoute une formation minimale : le permis AM nécessite seulement huit heures d'apprentissage, sans obligation de passer le Code de la route.

"On ne conduit pas un jouet", martèle Guillaume Wirth, qui appelle à respecter strictement les règles de circulation, le port de la ceinture et les distances de sécurité. Si ces véhicules répondent à de vrais besoins – mobilité des jeunes, solution de repli après une suspension de permis ou alternative en zone urbaine – leur praticité ne doit pas masquer une réalité désormais chiffrée : la voiture sans permis reste un véhicule motorisé particulièrement vulnérable sur la route.



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