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Interdiction des fleurs de CBD : pourquoi ?

05 janv. 2022 Quentin Bas Lorant 1626 vues

La commercialisation et la consommation de fleurs et de feuilles de CBD est désormais interdite en France. Une décision prise par arrêté derrière des motifs de santé et d’ordre public. Un choix de société qui met danger des commerçants installés depuis quelques années et des usagers tentant de se sevrer de produits moins contrôlés et plus addictifs

Réveillon surprise

Le jour du réveillon, un arrêté surprenant a été publié au Journal officiel. D’un côté, il légalise la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation de certaines variétés de cannabis au taux de THC inférieur à 0,3% : autrement dit, du CBD.

Cependant, l’arrêté ne s’arrête pas là : s’il met fin à un flou juridique qui planait depuis plusieurs années autour de la vente de CBD en l’autorisant, il définit aussi les produits acceptables et les nouveaux indésirables.

En substance, seuls les produits issus d’une transformation du CBD pourront être vendus : compléments alimentaires, pilules, crèmes et cosmétiques, etc. En revanche, c’en est fini des mélanges à fumer, tisanes, et autres pots-pourris : fleurs et feuilles de la plante sont désormais interdites.

« Les fleurs et les feuilles ne peuvent être récoltées, importées ou utilisées que pour la production industrielle d’extraits de chanvre. Il en résulte en particulier que la vente aux consommateurs de fleurs ou de feuilles brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, notamment comme produits à fumer, tisanes ou pots-pourris, leur détention par les consommateurs et leur consommation sont interdites. » (alinéa 5 de l’arrêté paru le 31/12/2021)

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Risque de faillite pour de nombreux commerces

Surprenant, cet arrêté l’est aussi pour les professionnels et leurs représentants : Le Syndicat professionnel du chanvre (SPC) et l'Union des professionnels du CBD (UPCBD). Depuis deux à trois ans, les boutiques spécialisés dans le CBD – cette molécule non psychotrope issue du chanvre – ont fleuri aux quatre coins de la France.

Et leur business était florissant : l’année dernière, la vente des feuilles de CBD seules avaient généré entre 300 et 400 millions d’euros de chiffre d’affaires (quand l’ensemble du marché du chanvre est estimé à près d’un milliard d’euros). 

Surtout, ce sont plus de 2 000 officines spécialisées (« CBD shop ») qui se retrouvent aujourd’hui élagués de la moitié, voire des deux tiers de leur activité. Pour cette grande majorité de TPE de moins de 3 salariés, les risques de faillites vont se poser très certainement dans les mois à venir.

Pourquoi cette interdiction des fleurs de CBD ?

L’arrêté justifie en premier lieu cette interdiction au titre de « motifs de santé ». D’après le texte, il subsisterait des inquiétudes sur les effets psychoactifs du CBD, et sur ses interactions avec certains médicaments (notamment, d’après l’arrêté : les antiépileptiques, anticoagulants, ou immunosuppresseurs).

Autre motif de santé imparable : le danger de la combustion. Avec ou sans tabac, l’inhalation de la fumée de CBD reste un danger évident pour les poumons des usagers. Il faut pourtant rappeler que dans une démarche de réduction des risques, il est tout à fait possible d’utiliser un vaporisateur pour maitriser la température de chauffe.

Enfin, la décision administrative met également en avant argument « d’ordre public ». En un mot, la commercialisation des fleurs de CBD rendrait plus difficile la lutte des forces de l’ordre contre les stupéfiants. Lors d’un contrôle, policiers et gendarmes ne seraient pas capables de distinguer les fleurs et feuilles de CBD et celles à plus forte concentration en THC, toujours interdites.

Un argument vite balayé par les partisans du CBD, car, comme le rappelle aussi Le Parisien, il existe déjà chez nos voisins, et notamment en Suisse, des tests permettant de différencier rapidement cannabis « légal » et illégal.