Alors que 87 % du territoire français est désormais classé comme désert médical et que près de six millions de Français sont privés de médecin traitant, l'exécutif dévoile un plan ambitieux pour répondre à l'urgence. En déplacement dans le Cantal, un département particulièrement touché par la pénurie, François Bayrou et plusieurs membres du gouvernement ont présenté, ce 25 avril, une série de mesures concrètes. Ce "pacte contre les déserts médicaux" repose sur trois piliers : former davantage, mieux répartir et mieux accompagner les professionnels de santé.
Une mission de solidarité obligatoire pour les médecins
Le principe de liberté d'installation reste préservé, mais une nouvelle forme de solidarité est instaurée. Désormais, les médecins en exercice devront consacrer un ou deux jours par mois à des consultations dans des zones sous-dotées, proches de leur cabinet principal. Ils auront la possibilité de se faire remplacer et percevront une compensation financière.
"Grâce au mécanisme de solidarité territoriale, jusqu'à 30 millions de consultations par an pourront être assurées au sein des zones sous-dotées", prévoit le gouvernement. À terme, cette mission pourra être étendue à tous les territoires insuffisamment pourvus en professionnels de santé.
Autre nouveauté : la création du statut de "praticien territorial de médecine ambulatoire". Destiné aux jeunes médecins, ce statut prévoit un engagement de deux ans minimum avec un revenu garanti, un accès facilité au logement, et une aide à l'emploi du conjoint. L'objectif est d'inciter les jeunes professionnels à s'installer durablement dans les zones rurales.
Un accès élargi aux études de santé dans les zones rurales
Pour lutter durablement contre la pénurie de médecins, le gouvernement mise aussi sur la formation locale. Vingt-quatre départements n'offrent aujourd'hui aucun accès aux études de santé. Pour y remédier, une première année de formation sera ouverte dans chaque département concerné. Des options "santé" seront également introduites dans les lycées.
Dès la rentrée 2026, les stages en dehors des CHU et des grandes villes deviendront obligatoires. Cette mesure vise à inciter les étudiants à revenir exercer dans leur région d'origine. "Nous voulons aussi que 100 % des étudiants en médecine fassent un stage dans un désert médical durant leurs études", précise le gouvernement.
Par ailleurs, le plan prévoit de faciliter le retour des Français ayant étudié à l'étranger, sous réserve de la validation de leurs compétences, et d'améliorer le statut des médecins diplômés hors de l'Union européenne.
Moins de paperasse, plus de consultations
Pour permettre aux médecins de se recentrer sur leur cœur de métier, 15 000 assistants médicaux seront recrutés d'ici 2028. Selon les estimations, cela permettra de libérer l'équivalent de deux consultations par jour et d'ajouter 3,5 millions de consultations par an.
Le gouvernement veut également réduire la demande de certificats médicaux inutiles et étendre les compétences des pharmaciens et infirmiers pour les soins de premier recours. Par exemple, un patient souffrant d'une infection légère pourra recevoir un traitement en pharmacie sans repasser chez le médecin.
Enfin, un guichet numérique régionalfacilitera les démarches administratives des professionnels souhaitant s'installer dans les territoires sous-dotés. Des logements "clés en main" seront proposés aux étudiants en stage, et les procédures seront simplifiées pour les jeunes professionnels.

La rédaction d'Assurland