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Taux d'emprunt bas : les banques veulent se passer des courtiers

21 janv. 2020 Théophile Robert 954 vues

La relation entre banquiers et courtiers n'est pas au meilleur de sa forme. À la fin de l'année 2019 et avec le contexte de la baisse drastique des taux de crédit immobilier, les banques se sont rendues compte qu'elles n'avaient plus besoin de courtiers pour écouler de grands volumes d'emprunt. Les courtiers n'ont évidemment pas manqué de réagir face à cette attitude.

Les taux d'emprunt bas : l'étincelle qui met le feu aux poudres

Tout est parti d'une banque mutualiste dans le sud de la France, le Crédit agricole du Languedoc. Cet établissement a commencé à refuser des dossiers provenant de courtiers (ndlr : le métier de courtier consiste à trouver les crédits immobiliers les plus avantageux pour l'emprunteur en faisant jouer la concurrence entre les divers établissements bancaires). « Les taux sont si faibles que les crédits se font tous seuls, on n'a qu'à se baisser, on n'a plus besoin des courtiers », allègue un banquier.

En effet, 2019 a été une année record pour l'immobilier et la production de crédits a allègrement dépassé les attentes des banques, d'environ 20 %. « Plus de 250 milliards d'euros d'emprunts immobiliers ont été accordés en 2019 et 40 % de part du marché de la distribution de crédits est détenue par le courtage. Chez certaines banques, ce taux monte même à plus de 60 % ! », explique Jérôme Robin, directeur général du courtier Vousfinancer. Ainsi, certaines banques penseraient déjà à « supprimer un intermédiaire et récupérer la totalité des parts du gâteau en ces temps difficiles où les taux d'intérêt bas rognent une partie de leurs marges », d'après les mots d'un courtier.

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Les banques diminuent déjà les rémunérations des courtiers

Certaines banques ont déjà enclenché le processus et renégocient leurs taux avec les courtiers. À l'origine, la commission des courtiers immobiliers représente environ 1 % du montant total du prêt. « Ce montant est plafonné, mais il peut atteindre 5000 euros à 6000 euros par dossier, selon les sommes en jeu et les établissements », accuse un banquier. De plus, des honoraires négociables réglées par l'emprunteur ajoutent généralement à la rémunération des courtiers (entre un millier et 2 000 euros selon la valeur de l'emprunt). « Ça fait beaucoup pour un seul acteur », juge ce banquier. Ainsi, plusieurs établissements dont le sien ont choisi de plafonner la commission des courtiers à 0,8 %.

D'après une source proche du Parisien, le groupe BCPE (Banque populaire et Caisse d'épargne) souhaiterait même diviser par deux cette rémunération pour atteindre 0,5 %. Plus sévère encore, le Crédit agricole Val de France aurait proposé 0,2 % à ses courtiers. « Le pire, c'est que certains franchisés ont déjà accepté ces baisses de commission pour pouvoir continuer de travailler avec les banques », déplore un courtier. Pour un autre, « cela revient à vouloir se passer de nous sans le dire ».

« Les taux bas ont bon dos. Face à un problème de marge, il revient aux banques de relever légèrement leurs taux, mais imaginer qu'on peut se passer de nous, c'est faire une grave erreur, elles seraient incapables de faire notre travail. », se plaint Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi et président de l'Association professionnelle des intermédiaires en crédits (Apic). En outre, plusieurs acteurs du secteur se préparent à saisir la justice si la situation n'évolue pas positivement dans leur sens.

L'assurance emprunteur, « le réel motif et l'enjeu de ce conflit »

Mais ce n'est pas uniquement la commission des courtiers que les banques voudraient récupérer. Ce qui importe, c'est bien l'assurance emprunteur. « C'est le réel motif et l'enjeu de ce conflit. Depuis les lois Lagarde, Hamon et plus récemment Bourquin, les banques font de la résistance pour conserver la mainmise sur l'assurance emprunteur, gage de marges certaines », souligne un courtier.

Il faut dire que les taux d'emprunt actuels sont bien moins rémunérateurs et poussent les banques à chercher d'autres sources de revenu. Aujourd'hui, l'assurance crédit peut même revenir plus cher à l'emprunteur que les intérêts de son prêt eux-mêmes.