L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) alerte sur la possible émergence de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) en Europe. Cette maladie mortelle pour les humains pourrait être la résultante du réchauffement climatique.
Caractérisé par une hausse des températures, le réchauffement climatique bouleverse l’ensemble des écosystèmes. Le métabolisme des animaux s’en trouve affecté et des maladies transmissibles à l’Homme peuvent apparaitre ou ré-émerger. Ce bouleversement a des conséquences directes sur des maladies infectieuses dont les effets diffus sont bien connus des autorités.
En effet, la hausse de températures peut favoriser la propagation de maladies parasitaires ou vectorielles. Le problème est que cette hausse étend l’aire de distribution des insectes vecteurs et avec, l’incidence des maladies associées dans des régions auparavant peu concernées.
Cependant, le réchauffement climatique n’est pas le seul facteur, mais bien une des causalités multifactorielles, parmi lesquelles : l’intensification des élevages et le commerce international, la déforestation d’origine anthropique et l’artificialisation des sols, entre autres, responsable de ces altérations.
Modifiant les habitats, le changement climatique entraîne le déplacement de populations animales. Localement, des espèces peuvent s’installer dans des zones où elles étaient jusqu’alors considérées comme exotiques. Les populations animales sont donc directement intégrées dans ces processus épidémiques complexes.
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La tique Hyalomma est présente depuis plusieurs décennies en Corse et depuis 2015 sur le littoral méditerranéen. Originaires d’Afrique et d’Asie, elles ont été principalement introduites par d'oiseaux migrateurs. En France, nous dénombrons trois espèces différentes de cette tique.
Cette tique joue le rôle de vecteur pour de nombreux agents pathogènes. Elle transmet notamment le parasite responsable de la piroplasmose équine et le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC). Chez l’humain, la fièvre de Crimée-Congo se limite généralement à un syndrome grippal avec troubles digestif, des vomissements et des courbatures. Mais dans certains cas, elle peut néanmoins s’aggraver et se traduire par un syndrome hémorragique, dont le taux de létalité atteint 30 % dans certains pays.
Dans les pays à hauts revenus comme le nôtre, la tendance est à la maîtrise des principales maladies infectieuses grâce à l’organisation de la surveillance (réseaux, plans, prophylaxie, etc.). Pourtant à ce jour aucun dispositif de surveillance national n’a été établi pour les tiques.
“Contrairement à ce qui existe pour les moustiques, aucun dispositif de surveillance national n’est organisé pour les tiques alors qu’elles transmettent des maladies graves comme la FHCC mais aussi la maladie de Lyme ou l’encéphalite à tiques. Pour se préparer au mieux à l’émergence potentielle du virus de la FHCC sur notre territoire, il est essentiel de renforcer la surveillance des tiques en France mais également de celles qui arriveraient en provenance de pays où le virus circule actuellement. Ces introductions peuvent se faire lorsque la tique Hyalomma est fixée sur un oiseau migrateur, ou sur un cheval ou bovin importé par exemple.”, explique Elsa Quillery, coordinatrice d'expertise scientifique chez l’Anses.
Bien qu’aucun cas n’ait été recensé en France, un risque d’apparition de cas de FHCC reste possible. Sur les douze cas dénombrés en Espagne depuis 2013, quatre morts ont été rapportées.
Ce risque est d’autant plus probable que l’extension géographique de la zone d’implantation des tiques devrait être favorisée par les changements climatiques actuels.
L’Anses appelle à une surveillance accrue des zones géographiques identifiées comme les plus à risque, le développement d’outils permettant de détecter précocement la présence de tiques Hyalomma et la circulation des agents pathogènes qu’elles transmettent.